Ouganda : principale victime de la crise migratoire sud-soudanaise

Depuis le début de cette année, plus de 240.000 sud-soudanais ont trouvé refuge en Ouganda. Des chiffres qui ne cessent d’augmenter alors que les camps de réfugiés ougandais sont déjà surpeuplés. Pour éviter un désastre humanitaire dans le pays, l’Union européenne vient de promettre une aide de 78 millions d’euros.

 

Situation humanitaire critique en Ouganda

Etant l’un des principaux voisins du Soudan du sud, l’Ouganda est devenu le premier pays d’accueil des réfugiés sud-soudanais. Le pays abrite plus de 370.000 d’entre eux dont principalement des femmes et des enfants. Et ces chiffres continuent d’augmenter car l’instabilité persistante dans le plus jeune pays du monde pousse sa population à fuir. Ainsi, entre 2.000 à 3.000 réfugiés continuent de débarquer chaque jour sur le territoire ougandais.

Face à cette arrivée massive, l’Ouganda s’est activé pour agrandir ses camps et ses centres d’hébergement. Malheureusement, cet effort n’est toujours pas suffisant car certains sites se sont remplis à une vitesse record. De ce fait, plusieurs d’entre eux se retrouvent aujourd’hui surpeuplés et les réfugiés vivent au quotidien dans des conditions déplorables. Or, le gouvernement ougandais ne dispose pas de ressources nécessaires pour améliorer les choses.

De leurs côtés, les organisations humanitaires sont aussi obligées de limiter leur champ d’actions en raison d’un important manque de financement. Selon les Nations Unies, il faudrait au moins 20 millions de dollars supplémentaires au fonds déjà existants afin d’assurer une réponse humanitaire suffisante. En attendant, le Programme alimentaire mondial (PAM) a réduit de moitié les rations alimentaires partagées au quotidien pour les réfugiés.

 

Une assistance de trente millions d’euros à l’aide humanitaire

La situation humanitaire est donc alarmante en Ouganda et Christos Stylianides, commissaire européen en charge de l’aide humanitaire et de la gestion des crises, l’a bien compris. En visite dans le camp de Bidi Bidi, dans le nord du pays, le vendredi 11 novembre dernier, il a fait une annonce importante : « L’Union européenne est aux côtés de l’Ouganda dans cet énorme effort. Nous allouons aujourd’hui 78 millions d’euros d’assistance pour aider la région à faire face à la crise sud-soudanaise. Quelques trente millions d’euros iront spécifiquement à l’aide humanitaire sur le terrain. »

Certes, cette aide est la bienvenue mais les ONG estiment que c’est insuffisant. Cherryl Harrison, directrice adjointe du PAM en Ouganda, a souligné : « Non, ce n’est pas suffisant ! 12 millions de dollars par mois, cela couvre uniquement les besoins en nourriture. Nous sommes dans une situation très précaire. Nos réserves alimentaires s’épuisent très rapidement. Nous espérons qu’il y aura des conséquences supplémentaires. »

Il est à noter que le Soudan du Sud est entré dans une sanglante guerre civile depuis décembre 2013 quand le président Salva Kiir a accusé Riek Machar, son ancien vice-président, de comploter un coup d’Etat. Rapidement, la rivalité politique s’est transformée en une guerre ethnique entre les Dinka et les Nuer (les deux tribus auxquels appartiennent respectivement les deux hommes). Trois ans après, le bilan humain est particulièrement lourd : près de 50.000 personnes ont perdu leur vie. Par ailleurs, plus 2,6 millions de sud-soudanais sont aujourd’hui déplacés de force.