Soudan du Sud : une situation humanitaire alarmante

Stephen O’Brien, responsable de l’humanitaire à l’ONU, constate une situation alarmante au Soudan du Sud. Les derniers affrontements à Juba au mois de juillet ont eu de graves répercussions sur la population civile. Cette dernière continue de fuir le pays pour aller vers les pays voisins. Les flux de migrants Sud-Soudanais risquent de causer une crise humanitaire dans ces pays.

Une situation humanitaire alarmante

Mardi, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires a pu rencontrer les autorités locales, les partenaires humanitaires et les personnes déplacées à Wau et  Aweil. « Aujourd’hui, j’ai moi-même vu, dans l’un des équipements médicaux d’urgence, un bébé de 8 mois. Sa mère n’était pas en mesure de lui fournir la nourriture nécessaire ni de produire le lait maternel dont a besoin ce jumeau nouveau-né. Malheureusement, son frère jumeau a déjà perdu la vie. Il est très important de reconnaître les réelles conséquences que peuvent avoir sur la vie des gens les violences, l’insécurité et les combats perpétuels et endémiques. Ces gens vivent dans un pays qui est pauvre et qui n’a pas encore développé une économie qui permette aux gens de survivre par eux-mêmes et de se nourrir ».

Non seulement les réfugiés souffrent d’insécurité alimentaire, de manque de soins, mais ils sont terrorisés à cause des violences et des abus. « Les réfugiés font part d’informations inquiétantes selon lesquelles des groupes armés opérant sur les routes en direction de l’Ouganda empêchent les gens de fuir le Soudan du Sud », a expliqué la porte-parole du HCR, Melissa Fleming, mardi à Genève. « Les réfugiés ont également signalé que des groupes armés opérant dans différentes parties du Soudan du Sud pillent des villages, tuent des civils et recrutent de force des jeunes hommes et des garçons », a-t-elle ajouté.  

 

60 000 personnes fuient le Soudan du Sud

L’Ouganda est le premier pays d’accueil des réfugiés en provenance du Soudan du Sud, les flux y ont doublé ces dix derniers jours. Outre les 52 000 personnes entrées en Ouganda, 1000 réfugiés ont été enregistrés au Kenya et 7000 au Soudan. Ce sont donc 60 000 personnes qui ont fui le Soudan du Sud depuis les derniers affrontements entre les soldats fidèles au président Salva Kiir et les anciens rebelles liés au vice-président Riek Machar à Juba. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de réfugiés sud-soudanais dans les pays voisins s’élèverait à 900 000 depuis décembre 2013.

Face à cette situation, il devient essentiel d’améliorer les conditions et les capacités des centres de réception des pays d’accueil, notamment de l’Ouganda. Dans le district de Yumbe, l’ouverture d’un nouveau site pouvant accueillir 100 000 réfugiés est en cours. Des efforts sont également fournis pour protéger les droits des réfugiés. « Le HCR rappelle à toutes les parties au conflit au Soudan du Sud le droit fondamental de demander l’asile et les exhorte à veiller à ce que les civils bénéficient d’un accès sans entrave à la sécurité alors que le nombre de réfugiés atteint un niveau inquiétant », a déclaré Melissa Fleming.

Plus de 2,6 millions de Sud-Soudanais sont aujourd’hui déplacés de forces. Le Soudan du Sud est l’un des pays ayant les plus hauts niveaux de déplacement de population à cause d’un conflit. La moitié de la population du plus jeune pays du monde dépend de l’aide humanitaire. Ayant vu de ses propres yeux « l’aggravation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition et son impact sur la population », Stephen O’Brien a souligné que « l’accès complet à toutes les personnes dans le besoin était crucial ».