Réfugiés en Grèce : entre peur et désespoir

L’accord UE-Turquie a été vivement critiqué par les ONG qui défendent les droits de l’homme. Alors qu’il est entré en vigueur depuis le début de cette semaine, Amnesty vient de tirer sur la sonnette d’alarme pour dénoncer les conditions de vie catastrophiques des réfugiés bloqués en Grèce.

 

La tension monte en Grèce

Depuis le lundi 04 avril dernier, la situation est de plus en plus tendue en Grèce. En effet, le pays a commencé à effectuer le renvoi des réfugiés vers la Turquie en vertu de l’accord signé entre ce dernier et l’UE le 28 mars dernier. Depuis son annonce, l’accord suscite énormément de contestations autant du côté des défenseurs des droits de l’homme que des réfugiés eux-mêmes. Et sa mise en application depuis le début de cette semaine n’a fait qu’empirer les choses.

L’ambiance est particulièrement tendue dans les camps de réfugiés installés à Chios et à Lesbos. A Chios, plus de 300 réfugiés ont organisé un sit-in sur le port principal de l’île. A 30 km de là, au port de Mestos, les 4.500 réfugiés qui y campaient ont refusé de quitter les lieux pour rejoindre les camps. A Lesbos, ce sont plus de 3.000 réfugiés du camp de Moria qui ont décidé de lancer un sit-in pour exprimer leur protestation face à l’application de l’accord.

En rappel, plus de 6.000 migrants sont actuellement bloqués sur le territoire grec depuis la fermeture des frontières au niveau des pays de Balkans. Suite à l’application de l’accord UE-Turquie, une grande majorité d’entre eux ont décidé de déposer une demande d’asile auprès d’Athènes. Ces demandes vont surement freiner le renvoi des réfugiés puisqu’il faudra au moins quinze jours aux autorités grecques pour traiter tout le paquet.

 

Les réfugiés sont en détention

Par ailleurs, les conditions de vie dans les campements installés en urgence sur le territoire grec attirent la polémique. Sur son site officiel, Amnesty International a exprimé son indignation face aux conditions déplorables dans lesquelles vivent actuellement les réfugiés du camp de Moria, à Lesbos et de Vial à Chios.

En visite dans ces deux campements le mardi 5 et le mercredi 6 avril dernier,  l’organisation de défense des droits de l’homme n’a pas pu rater la peur et le désespoir qui se lisaient sur le visage des réfugiés suite à l’application de l’accord UE-Turquie. En tout, 4.200 réfugiés sont aujourd’hui détenus de façon arbitraire dans ces deux sites dont la plupart sont entrés sur le territoire grec après le 20 mars 2016.

Ces réfugiés vivent dans des conditions déplorables alors que parmi eux, il y a des femmes enceintes, des enfants et des personnes souffrant d’handicap. Ecœuré,  Amnesty a précisé : « Les personnes incarcérées à Lesbos et à Chios ne bénéficient quasiment d’aucune assistance, disposent d’un accès limité à certains services et mesures de soutien, et ne reçoivent presque aucune information sur leur statut actuel ni leur possible devenir. »