Soudan du Sud : dans la sphère du conflit inter-ethnique

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme s’inquiète de la montée des discours de haine ethnique au Soudan du Sud. Il invite ainsi les dirigeants à lutter contre ces incitations à la violence. Par ailleurs les chefs d’église du plus jeune Etat d’Afrique appellent la communauté internationale à intervenir pour rétablir la paix dans le pays.  

 

Violences à caractère ethnique

Le HCDH a dénoncé mardi les menaces portées aux personnes originaires de la région d’Equatoria qui figuraient dans des lettres déposées devant les portes d’organisations humanitaires au nord-ouest du pays. Ces avertissements se trouvent être des représailles suite à la mort de nombreux civils de la communauté Dinka le 8 octobre et une attaque contre trois autobus qui s’est passée deux jours plus tard.

Prétendant appartenir à la communauté Dinka, les auteurs des lettres conseillent aux Equatoriens de partir, au risque d’être mutilés et tués. Ces discours de haine auraient été appuyés par certains responsables de la région, une situation qui inquiète le HCDH. « Le discours de haine ethnique au Soudan du Sud, particulièrement s’il est exploité à des fins politiques, peut avoir des conséquences dévastatrices pour des communautés entières, se transformant rapidement en représailles », a prévenu le Haut-Commissaire, Zeid Ra’ad Al Hussein.

L’appel des leaders religieux

Les représentants religieux du Soudan du Sud ont profité d’une audience avec le Pape François jeudi pour faire leur demande. Cette délégation était composée de Paulino Lukudu Loro, archevêque de Juba, Daniel Deng Bul Yak, archevêque de l’Eglise épiscopale du Soudan du Sud et du Soudan et de Peter Gai Lual, Pasteur de l’Eglise presbytérienne du Soudan du Sud. « Nous sommes ici, en tant que représentants d’une unique Eglise du Christ, pour implorer une intervention de la communauté internationale afin de pouvoir mettre fin à cette tragédie », a déclaré Paulino Lukudu Loro.

Ces chefs d’église espèrent plus de considération de la part du gouvernement sud-soudanais et de la communauté internationale avec l’aide du patriarche de l’Eglise catholique. Selon eux, le plus jeune Etat d’Afrique n’était pas du tout prêt à obtenir son indépendance. « La situation est hors de contrôle. Nous sommes tombés dans le piège du tribalisme et de l’horreur ethnique et nous n’arrivons pas à en sortir », déplorent-ils.

Le Soudan du Sud est tombé dans la guerre civile depuis 2013. Durant la reprise des violences en juillet à Juba, les soldats du gouvernement ont ciblé les civils selon leur appartenance ethnique.