Syrie : malgré la trêve, le calvaire des civils continue

Sous le parrainage de la Russie et de la Turquie, un nouveau cessez-le-feu est instauré en Syrie depuis le jeudi 29 décembre à minuit. Les armes se sont tues mais le sort des civils reste incertain.

Sous le parrainage de la Russie et de la Turquie, un nouveau cessez-le-feu est instauré en Syrie depuis le jeudi 29 décembre à minuit. Les armes se sont tues mais le sort des civils reste incertain.

Malgré la trêve, la crise humanitaire persiste.

La trêve « globalement respectée »

Au minuit du 29 décembre 2016, la Syrie entame une nouvelle trêve. Signé sous la tutelle de la Russie et de la Turquie, sans Washington ni les Nations-Unies, ce cessez-le-feu exclut les groupes classés « terroristes » dont l’Etat islamique ou le Front Fatah Al-Cham. Cet accord représente une lueur d’espoir pour les civils syriens car il prévoit aussi une négociation de paix au Kazakhstan en janvier 2017. Une tentative de mettre fin définitivement à cette guerre civile.

Pour l’heure, on peut affirmer que le chaos habituel en Syrie s’est tassé depuis l’entrée en vigueur de l’accord. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a néanmoins enregistré quelques « accrochages isolés » dans les  localités de Deraa et Kouneïtra. Les hostilités entre des groupes rebelles et les forces du régime syrien à proximité de Damas, qui se sont suivies par des frappes aériennes sont également « une violation du cessez-le feu » dixit Rami Abdel Rahmane, responsable au sein de l’OSDH. Ces incidents prouvent la vulnérabilité de cette trêve.

La crise humanitaire persiste

Le fait que les belligérants ont baissé leurs armes est certes encourageant mais il n’impacte pas encore la vie des civils syriens. Ces derniers continuent à payer chacun à leur manière les frais de 5 ans de guerre sanglante. Selon la statistique des Nations-Unies, 13,5 millions de personnes nécessitent en Syrie une assistance humanitaire. 4,5 millions d’entre elles se trouvent dans des zones assiégées où l’acheminement des aides est compliqué voire impossible. Ces gens sont également exposés à des risques de sécurité élevés.

Quant aux soins, y accéder est un luxe pour la population. La moitié des infrastructures sanitaires étant détruites durant les guerres, les organisations humanitaires telles que Médecins du Monde ont construit des tentes pour accueillir les patients. Et la trêve ne change rien à cette situation. Interrogé à ce propos, Joël Weiler, le directeur des urgences à Médecins du Monde a déploré : « Le cessez-le-feu n’a pas particulièrement amélioré nos conditions de travail. On continue à opérer à l’intérieur de la Syrie mais c’est très compliqué… Il y a des zones plus faciles d’accès, mais il n’y a pas d’endroits où il est facile de travailler».

A tout cela s’ajoute le manque d’eau potable dont la capitale du pays, Damas et ses agglomérations voisines sont les victimes. Ce problème touche environ 4 millions de personnes depuis le 22 décembre, date où les 2 sources principales d’eau potable ont été démolies. Il faut noter que le cas de Damas n’est que la partie visible de l’iceberg car on recense 15 millions d’individus dans ce même besoin dans toute la Syrie. Cette situation inquiète particulièrement l’ONU vu les risques sanitaires et les coûts que cela représente pour les habitants.