Migrants : le naufrage en Egypte a révélé des trafics humains

Le bilan du naufrage d’embarcation de migrants au large de l’Egypte s’alourdit, on parle maintenant de plus de 162 morts. Ce drame a par ailleurs permis d’attirer l’attention sur le trafic humain dans ce pays. Parmi les 163 rescapés, quatre passeurs égyptiens ont notamment été arrêtés.

 

Le bilan du naufrage s’alourdit

Mercredi dernier, une embarcation de migrants en direction de l’Europe est victime d’un naufrage au large des côtes égyptiennes. Près de 450 personnes se trouvaient à bord. 150 personnes ont pu être secourues, tandis que 42 personnes sont mortes, mais les recherches ont continué. Il y avait des « Egyptiens, des Soudanais, des Erythréens, des Somaliens, des Syriens », cite Ali Abdel Sattar, un responsable de Matbouss, une petite ville qui se situe près du naufrage.

Comme un responsable médical l’a déjà averti, le bilan du naufrage s’est largement alourdi. « Le bilan des morts du naufrage au large de Rosette est monté à 162 », a déclaré vendredi le ministère égyptien de la Santé. Mais le nombre de survivants est aussi monté à 163. Ces derniers ont pu confirmer qu’il y avait vraiment 450 personnes sur le navire et qu’au moins 100 migrants ont pris place dans la cale du bateau au moment du naufrage. Les recherches se concentrent donc désormais sur cette cale.

D’importants trafics humains en Egypte

Parmi les rescapés de ce naufrage, quatre Egyptiens, soupçonnés de trafics d’êtres humains et d’homicide involontaire ont été arrêtés. C’est en voyant les corps arriver en bateau dans le port de Rosette que l’Egypte se rend compte de l’ampleur de la tragédie. « Le bateau était fait pour transporter 200 personnes et ils en ont mis 400. C’est ce qui a causé la catastrophe. Ceux qui savaient nager se sont éloignés, laissant derrière eux les femmes et les enfants », a raconté à l’Associated Press (AP) Ahmed Darwich, un des survivants. Jusqu’ici, le nombre de migrants morts ou portés disparus en Méditerranée en 2016 est évalué à 3 500.

Derrière la Libye, l’Egypte est un point de passage stratégique pour de nombreux migrants, notamment africains. Ils sont actuellement 5 millions à vouloir rejoindre l’Europe, la moitié vient du Soudan. Les départs depuis l’Egypte représentent 10 % des arrivées en Europe, selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Mais ce qui préoccupe le plus ce pays, c’est le nombre croissant de mineurs égyptiens qui tentent la traversée. « Cette tendance croissante est due à la législation italienne qui permet aux mineurs de rester dans des centres d’accueil et de n’être renvoyés que s’ils le demandent et que la famille accepte », a expliqué Naela Gaber, une diplomate égyptienne. Pour elle, il est primordial de rapatrier ces jeunes. « Ils font l’objet d’exploitation sexuelle dans les gares et de travail forcé. Ils sont utilisés dans le trafic de drogue et d’organes », a-t-elle dénoncé.

En 2016, plus de 300 000 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée pour atteindre l’Europe, selon le HCR. Ce dernier naufrage porte le nombre de migrants morts ou portés disparus à 3 500. A ce rythme, « 2016 sera l’année la plus meurtrière », d’après une porte-parole du HCR. La traversée est souvent rythmée par des transferts périlleux en pleine mer sur des embarcations de fortune.