Crise migratoire : un tableau plus noir pour 2016 ?

Le nombre d’arrivées en Europe a considérablement diminué par rapport à l’année dernière mais c’est une baisse qui cache une réalité tragique. Le mardi 20 septembre dernier, le Haut-Commissariat des réfugiés a sonné l’alarme sur le nombre important de décès en mer Méditerranée.

 

Une baisse qui cache un drame

C’est lors d’un point de presse organisé à Genève, que William Spindler, porte-parole du HCR, a dévoilé le bilan de la crise migratoire pour ces neuf premiers mois. Selon la branche onusienne pour les réfugiés, le nombre de migrants ayant débarqué sur le sol européen a dépassé la barre des 300.000 cette semaine. Des chiffres toujours aussi importants même s’ils sont nettement inférieurs par rapport à l’année dernière. En effet, 2015 a enregistré 520.000 entrées pour la même période, soit un écart de 42%. Néanmoins, ils dépassent les 216.054 arrivées enregistrées sur l’ensemble de l’année 2014.

La crise migratoire est donc loin d’être terminée et cette baisse cache une réalité bien plus dramatique. En effet, le nombre de naufrages a été particulièrement élevé pour cette année. Selon le HCR, 3.211 personnes sont mortes ou portées disparues entre janvier et septembre, soit 15% de moins par rapport au nombre de victimes total enregistré en 2015. Un taux inquiétant car avec ce rythme, « 2016 sera l’année la plus meurtrière » a déploré M. Spindler.

Une Méditerranée particulièrement dangereuse

Mais pourquoi autant de naufrages ? L’itinéraire entrepris par les migrants explique cette situation. En effet, depuis l’entrée en vigueur de l’accord conclu entre l’UE et la Turquie, la surveillance en mer Egée et sur les côtes turques ont été renforcées. Pour atteindre l’Europe, les passeurs visaient alors les côtes italiennes en partance de la Libye via la mer Méditerranée. Or, cet itinéraire est particulièrement dangereux. D’ailleurs, le pire naufrage de migrants en mer s’est produit dans cette zone. En 2014, un bateau transportant 850 personnes a chaviré au large de Lampedusa, seules 28 d’entre-elles ont survécu.

Et plus dangereux encore, l’itinéraire Egypte – Italie. Pourtant, cette voie est de plus en plus utilisée par les passeurs. Selon le HCR, 10% des migrants arrivés en Europe l’ont emprunté. « Cette année, le nombre est d’environ 1.000 traversées sur des bateaux de passeurs d’Egypte vers l’Italie » d’après Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières.

A ces chiffres s’ajoutent la traversée manquait d’un bateau qui transportait 450 personnes, le mercredi 21 septembre dernier. En partance de Rosette, ville portuaire dans le delta du Nil, il a chaviré peu de temps après son départ et a fini par couler.  Au bilan : au moins 42 personnes sont mortes dont 10 femmes, un enfant et 31 jeunes hommes de différentes nationalités (égyptienne, soudanaise, érythréenne, somalienne et syrienne) et 163 ont été secourues. Les opérations continuent pour retrouver les autres passagers mais l’espoir de retrouver des survivants est minime. Quoi qu’il en soit, Chérif Ismaïl, premier ministre égyptien demande aux autorités de « fournir tous les soins nécessaires aux survivants » et à « poursuivre les responsables du naufrage ».