Alep-Est : le compte à rebours est lancé !

Après quatre semaines de vaste offensive, Alep est en passe de tomber entre les mains du régime et de ses alliés. Mais alors que la bataille touche presque à sa fin, l’ONU s’alarme sur des informations faisant état d’atrocités contre des civils.

 

Alep-Est : le compte à rebours est lancé

Plus de 415 civils ont été tués depuis le 15 novembre dernier à Alep-Est

 

« Phase finale »

Ils auront tenu près de quatre ans et demi face à Bachar Al-Assad. Mais aujourd’hui, la fin semble plus que jamais imminente pour les rebelles d’Alep-Est ! Après avoir reculé de quartier en quartier au cours de ces quatre dernières semaines, ils ne disposent actuellement que de deux secteurs : Seïf Al-Daoula et Al-Ansari. La victoire est ainsi à portée de mains pour les forces gouvernementales qui affirment être « dans les derniers instants avant la proclamation de la victoire de l’armée ».

Il est à noter que cette partie orientale d’Alep est la capitale de la révolte. Depuis 2012, elle a fait preuve d’une forte résistance face aux attaques incessantes et au siège imposé par le régime. Mais ils n’ont pas pu faire grand-chose face à la foudroyante offensive menée par l’armée syrienne et ses alliés (russes, libanais et iraniens) depuis le 15 novembre dernier. Optant pour la stratégie d’attaques sur tous les fronts, ces derniers ont réussi à avancer en un temps record et reconquérir plusieurs secteurs auparavant tenus par les rebelles.

De l’autre côté, à Alep-Ouest, la bataille est déjà considérée comme acquise. Depuis hier, des journalistes ont rapporté des tirs de célébration un peu partout. La télévision d’Etat a même montré des scènes de soulagement et de joie de quelques habitants qui brandissaient des portraits d’Assad et des drapeaux syriens. « Les habitants d’Alep expriment leur joie avec la victoire contre les terroristes » pouvait-on lire sur l’un des bandeaux qu’ils hissaient.

 

Les civils en grand danger

Mais au milieu de tout cela, le sort des civils toujours bloqués dans la partie Est d’Alep est plus que jamais inquiétant. D’après plusieurs témoignages postés sur les réseaux sociaux, ils sont actuellement cibles d’atrocités. Raphaël Pitti, médecin français présent sur les lieux, raconte sur son compte Facebook : « des maisons sont brûlées avec des familles dedans » et il y a plusieurs « exécutions sommaires ». Et ces exécutions semblent être confirmées puisque ce mardi matin, l’ONU a rapporté les meurtres de 82 civils dont 11 femmes et 13 enfants.

Selon Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU des droits de l’homme, ces personnes ont été tuées de sang-froid « au cours de ces dernières 48 heures » par les éléments des troupes loyalistes à Bachar dans les quartiers de Ferdous, Kallassé, Boustane al-Qasr et Salhine. Toutefois, l’organisation précise qu’elle ne peut « vérifier de manière indépendante ces informations » même si les témoignages se multiplient. Impuissante, elle appelle ainsi les parties à « protéger les civils en se conformant aux règles humanitaires internationales ».

Mais les civils savent qu’ils ne représentent qu’un simple pion qu’on peut éliminer sans hésitation. Ainsi, depuis lundi soir, ils inondent les réseaux sociaux avec des adieux poignants. « J’attends d’être tué ou capturé par le régime d’Assad… Priez pour moi et ne nous oubliez pas » a publié le photographe Ameen al-Halabi sur son compte Facebook. Plus abattue, Bana, la petite fille de 7 ans qui racontait son quotidien sur Twitter a écrit : « C’est mon dernier moment pour vivre ou mourir ». Et, Remi Zien, journaliste syrien qui a notamment travaillé avec l’agence de presse Reuters a publié : « Admettons que c’est un au revoir. Merci à tous ceux qui sont restés à nos côtés et qui ont prié pour nous. C’est bientôt fini, on est à quelques heures de la mort. »