Alep-Est : quelle issue pour les civils ?

La situation s’envenime de jour en jour à Alep-Est. Plus que jamais, la survie des civils qui y sont toujours bloqués est menacée alors que les solutions tardent à se mettre en place.

Les affrontements s’intensifient…

Les forces progouvernementales mènent une vaste offensive à Alep-Est, depuis le 15 novembre dernier. Après avoir reconquis près d’un tiers du secteur rebelle la semaine dernière, elles continuent à élargir leur champ. Durant le week-end dernier, elles se sont emparées des quartiers situés dans le nord d’Alep-Est : Karam al-Myessar et Karam al-Tahhan.

Et, dans la nuit du dimanche à lundi 5 décembre, elles ont réussi à récupérer le quartier de Qadi Askar. Actuellement, elles avancent vers le sud d’Alep-Est dans le but de reprendre Chaar des mains des rebelles. La prise de ce nouveau quartier permettrait à l’armée syrienne et ses alliés de contrôler plus de 70% d’Alep-Est.

Mais au milieu de ces violents affrontements, la situation des civils est toujours aussi alarmante. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, au moins 319 d’entre eux dont 44 enfants ont perdu leur vie depuis le début de l’offensive à Alep-Est. Certes, 50.000 personnes ont réussi à fuir cette zone depuis samedi mais elles ne représentent que 20% de la population de cette partie de la ville.

En effet, l’ancienne capitale économique de la Syrie comptait entre 250.000 à 300.000 habitants. Et comme l’a déjà prévenu Stephen O’brien, responsable des opérations humanitaires de l’ONU, la semaine dernière, si la situation ne s’améliore pas, Alep-Est se transformera en un « gigantesque cimetière ».

 

Les solutions tardent à se mettre en place

Critiqué par sa passivité, le Conseil de sécurité de l’ONU doit voter sur une résolution mise au point par l’Egypte, la Nouvelle-Zélande et l’Espagne après de longues concertations, ce lundi après-midi. Dans ce texte, ils réclament une trêve d’au moins sept jours à Alep et un accès sans entraves à l’aide humanitaire et à l’évacuation des blessés. Mais Moscou est plus que jamais réticent et considère ce projet comme étant une « provocation ». Le pays pourrait donc à tout moment utiliser son droit de veto alors pour bloquer cette résolution.

En parallèle, le Canada réclamait aussi une session plénière au nom des 74 des 193 pays membres de l’ONU pour voter une résolution visant à obtenir l’accès à l’aide humanitaire. Une résolution qui a plus de chance de marcher puisqu’il n’y a pas de droit de veto à l’Assemblée contrairement au Conseil. De plus, l’Assemblée peut mettre la pression et prendre même les rênes si ce dernier n’arrive pas à trouver une solution. Toutefois, aucune date n’a encore été fixée pour cette réunion.

Et étant les principaux acteurs du dossier syrien, les Etats-Unis et la Russie vont discuter du départ de « tous les rebelles » d’Alep au cours de cette semaine. Selon Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, ces pourparlers devraient débuter soit mardi, soit mercredi. Et dès que « les corridors d’évacuation et du calendrier auront été réglées, une trêve entrera en vigueur » a-t-il souligné.

Mais les insurgés sont plutôt réticents face à cette dernière proposition. Ainsi, ils affirment vouloir se battre jusqu’à la « dernière goutte de sang ». Zakaria Malahifdji, chef du bureau politique du Fastakim, un mouvement rebelle d’Alep, a d’ailleurs déclaré : « Nous ne pouvons pas quitter notre ville, notre maisons, pour les laisser aux mercenaires que le régime a mobilisées à Alep ».