Alep : réduction des frappes, évacuation des civils ?

Inaccessible à l’aide humanitaire et théâtre de violents bombardements depuis des mois, la partie Est d’Alep est déclarée « zone assiégée » par les Nations Unies, le mercredi 5 octobre dernier. Seule option de survie pour les civils : profiter de la réduction des bombardements et quitter la ville.  

 

« Zone assiégée »

Ancienne ville économique de la Syrie, Alep est divisée en deux : l’Ouest est contrôlé par le régime et l’Est par les rebelles. Cette seconde partie de la ville fait face actuellement à un drame humanitaire sans précédent. Désormais, elle est complètement encerclée par les forces progouvernementales, inaccessible à l’aide humanitaire et ne permet pas aux civils de se déplacer. Avec ces trois critères réunis, l’ONU l’a déclaré « zone assiégée«  ramenant à 18, le nombre de zones assiégées sur tout le territoire syrien.

Depuis plus de deux semaines, une vaste offensive menée par les forces progouvernementales a été lancée sur les quartiers rebelles. Accompagnant cette offensive, une pluie de bombes a causé énormément de dégâts. Le 30 septembre dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de 338 morts dont 106 enfants et 846 blessés. Un bilan qui n’a pas cessé de s’alourdir surtout depuis la destruction de « M10 », le plus grand hôpital toujours disponible dans la ville en début de semaine.

En outre, les pénuries continuent de s’aggraver. Les habitants manquent de tout et sont plus que jamais menacés par la famine. Le rapport de l’ONU raconte même que « certaines mères de famille se serrent la taille avec des cordes ou ingurgitent autant d’eau qu’elles le peuvent pour réduire la sensation de faim, réservant à leurs enfants le peu de nourriture qu’elles trouvent ». Et si des ONG continuent à partager de la nourriture pour 13.945 enfants, le gaz devient un problème majeur pour la cuisson. D’ailleurs, « il est fréquemment fait état de civils fouillant les décombres de bâtiments détruits pour récupérer des matériaux inflammables utilisables comme moyens de cuisson » a rapporté l’OCHA.

 

Réduction des bombardements

Profitant de cette faiblesse, les forces progouvernementales continuent à gagner du terrain à Alep. Mercredi soir, l’armée syrienne a annoncé la réduction des bombardements notamment « pour permettre aux civils qui veulent partir pour atteindre des zones sûres ». Selon l’ONU, plus de la moitié des 275.000 civils toujours bloqués à Alep « ont exprimé la volonté de partir s’ils en ont la possibilité ». Pour leur permettre une évacuation sécurisée, l’armée a précisé dans un communiqué la mise en place de plusieurs points de passage. Il est à noter que le régime de Bachar a utilisé la même stratégie avec Daraya et Mouadamiya. Assiégées par les forces progouvernementales, ces deux villes ont conclu un accord avec le régime stipulant l’évacuation des habitants et la reprise du contrôle par ce dernier.

Au lendemain de cette annonce, les bombardements aériens ont cessé mais les affrontements persistent et les forces progouvernementales continuent d’avancer. « Depuis la nuit dernière, les forces du régime se sont emparées de six positions majeures dans le quartier nord de Boustane al-Bacha » a informé Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) à l’AFP. Au même moment, Jean-Marc Ayrault a pris la direction de Moscou pour relancer le projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Depuis lundi dernier, les quinze membres du conseil étudient cette résolution qui devrait rétablir un cessez-le-feu à Alep, interdire le survol des appareils militaires et donner l’accès à l’aide humanitaire dans toutes les zones assiégées.