Alep : des couloirs humanitaires en place mais aucune évacuation

Une trêve humanitaire est entrée en vigueur à Alep depuis jeudi 20 octobre dernier. Si une prolongation a été confirmée, la durée reste confuse et les habitants de la ville ne semblent pas presser de quitter les lieux.

 

Des couloirs humanitaires en place…

Jeudi matin vers 8h (heure locale), une trêve « humanitaire » est entrée en vigueur à Alep. Si ce « cessez-le-feu » devait durer onze heures, il a été finalement prolongé jusqu’à samedi prochain. Initiée par Moscou, la trêve va « permettre aux civils de quitter la ville en toute liberté, pour évacuer les malades et les blessés et assurer le retrait des rebelles armés ».

Pour ce faire, huit couloirs humanitaires ont été mis en place dont deux dans la partie Est de la ville. Il est à noter que cette zone, détenue par les rebelles, croule sous les bombardements intensifs menés par les forces progouvernementales depuis le 22 septembre dernier. Or, 275.000 personnes et près de 7.000 combattants y sont bloqués depuis 2012. Parmi eux, 200 nécessitent une évacuation d’urgence a rapporté l’ONU.

A chaque point d’entrée de ces corridors, des éléments de l’ONU et du Croissant-Rouge syrien seront déployés pour assister à l’évacuation des civils et les accompagner jusqu’aux points de sortie. Par ailleurs, neuf autocars et sept ambulances seront envoyés dans le nord de la ville et deux autres cars et huit ambulances dans la partie sud. « Nous avons tous les feux verts nécessaires » a assuré Jan Egeland, responsable de l’aide humanitaire des Nations Unies en Syrie.

 

…mais pas d’affluence

Tout est donc en place pour assurer l’évacuation des habitants d’Alep mais ces derniers ne semblent pas presser de partir. En effet, presque aucun d’entre eux n’a encore emprunté les couloirs alors que la trêve entre dans sa deuxième journée. Et la méfiance et le scepticisme face aux promesses faites par Damas et Moscou en sont les principales causes. Mohammad Chayah, un père au chômage de la ville, a confié à l’AFP : « Même si j’ai besoin de sortir d’ici, à cause de la détérioration des conditions de vie avec le siège et le manque de nourriture et de travail, je ne vais pas risque ma vie et celle de ma famille à emprunter ces passages ».

Toutefois, il y aussi ceux qui ont décidé « de se battre jusqu’au bout ». Mardi soir, l’armée syrienne a envoyé un texto à certains habitants rapporte Le Monde. Et le message est bien clair : « Combattants d’Alep-Est, les promesses d’aide, de soutien, en troupes et en armes, ne se réaliseront pas. Le monde entier vous a abandonnés à votre sort. Réfléchissez avant qu’il soit trop tard, jetez vos armes et quittez la ville. » Et si ces mots étaient censés intimider, ils ont surtout enragés et poussent les combattants à résister.

Face à cet entêtement, l’armée syrienne a lancé un appel, via des haut-parleurs, demandant aux habitants de la ville de « saisir la chance qui leur était offerte pour évacuer les blessés ». Derrière cet avertissement, une autre offensive beaucoup plus intense que la précédente se prépare surement pour samedi. En supposant bien-sûr que la trêve tienne jusque-là, une chose qui est particulièrement difficile à espérer.