Alep : nouvel espoir pour une nouvelle trêve

Accusés d’être les principaux responsables du désastre à Alep, Damas et Moscou croulent sous les critiques. Pour apaiser la situation, Kremlin vient d’annoncer l’arrêt des raids aériens sur la ville et prévoit une trêve humanitaire de huit heures pour jeudi 20 octobre prochain.

 

Drame humanitaire à Alep

Ancienne capitale économique de la Syrie, Alep n’est désormais qu’un tas de ruines. Depuis le 22 septembre dernier, le régime de Bachar Al-Assad et son allié russe ont lancé une vaste offensive sur la partie Est de la ville. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, plus de 430 personnes ont péri dans ces bombardements intensifs. Par ailleurs, la situation humanitaire s’est dégradée pour les 250.000 habitants toujours bloqués dans la ville. En effet, coupés de leur seule voie de ravitaillement (la route de Castello), ils sont aujourd’hui menacés par la famine. Et comme la majorité des hôpitaux ont été bombardés, ils manquent aussi de soins.

Au milieu de cette situation catastrophique, plusieurs « crimes de guerre » ont été commis notamment par les forces progouvernementales. Chacune à leur tour, les associations de défense des droits de l’homme se sont alors succédées pour réclamer l’ouverture d’une enquête sur ces accusations. Sur la même lancée, John Kerry, chef de la diplomatie américaine, a souligné : « ceux qui commettent ces actes devront être tenus pour responsables de leurs actions ». Mais les principaux concernés continuent à faire leur sourde-oreille, Moscou n’a d’ailleurs pas hésité à défier Amnesty International à « révéler ses sources lui ayant donné ses supposés données » publiées dans son rapport.

Face à cet entêtement, le ton monte du côté de la communauté internationale. Le week-end dernier, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont évoqué de nouvelles sanctions économiques contre la Syrie et la Russie si la situation ne s’améliore pas. De leurs côtés, les 28 pays membres de l’UE ont annoncé le début de travail sur des sanctions individuelles à l’encontre des syriens « soutenant le régime pendant la durée de la répression ».

 

« Bonne volonté »

La Syrie et la Russie se retrouvent ainsi sous le feu des critiques. Afin de temporiser la situation, Moscou a annoncé une trêve humanitaire dans la ville d’Alep. D’une durée de huit heures (entre 8 à 16h locales), cette décision a été prise « avant tout pour permettre aux civils de quitter la ville en toute liberté, pour évacuer les malades et les blessés et assurer le retrait des rebelles armés » a expliqué Sergueï Roudskoï, ministre russe de la défense.

Mais cette trêve suscite le pessimisme car il s’agit tout de même du troisième « cessez-le-feu » depuis janvier. « Nous n’y croyons plus » a répliqué Abdulrahman Almawwas, vice-président des Casques blancs syriens. De plus, le délai de huit heures imposées par Moscou est jugé trop insuffisant par les ONG. Pour les Nations Unies, il faudrait « au minimum 48 heures » pour que ses équipes puissent acheminer les aides vers les cibles. Or, il faut aussi prendre en compte l’évacuation des malades et des blessés a noté l’organisation.

Pour démontrer sa « bonne volonté », Kremlin a annoncé « l’arrêt immédiat des raids aériens » sur Alep, le mardi 18 octobre. Cette pause est utile pour la « mise en œuvre » de la trêve humanitaire a souligné le général Roudskoï. Au lendemain de cette annonce, les bombardements aériens ont cessé même si les affrontements au sol persistent. Par ailleurs, la Russie, l’Allemagne et la France se réunissent ce mercredi à Berlin pour discuter d’un « cessez-le-feu durable à Alep et un accès humanitaire » sans entraves.