Alep : trêve prolongée mais toujours aucune amélioration

Alep entame son troisième jour de trêve alors qu’aucune évacuation n’a encore été effectuée. Pendant ce temps, un nouveau rapport de l’ONU, dévoilé le vendredi 21 octobre, impute une autre attaque chimique sur les forces du régime de Bachar Al-Assad.

 

Evacuation retardée à Alep

Depuis jeudi dernier, une trêve est entrée en vigueur à Alep. Prévue à la base pour une durée de onze heures, elle est finalement prolongée jusqu’à ce soir. « A la demande du représentant de l’ONU et d’autres organisations internationales, le président russe a pris la décision de prolonger la pause humanitaire dans la région d’Alep de 24 heures, de 8h à 19h (locales), le 22 octobre » a annoncé Sergueï Roudskoï, haut responsable de l’état-major russe, vendredi dans la soirée.

Questionné sur ces deux jours de trêve, Roudskoï semblait plutôt optimiste. Selon lui, toutes les « conditions nécessaires » sont réunies pour effectuer l’évacuation. D’ailleurs, huit combattants blessés d’Ahrar al-Cham et sept civils d’Alep ont déjà été évacués a informé le ministre russe. Malheureusement, « les couloirs humanitaires destinés à faire sortir les civils (d’Alep) sont toujours bloqués par des terroristes, qui les visent par des tirs » a-t-il regretté.

Mais l’ONU est loin de partager cet avis. D’ailleurs, l’organisation a dénoncé l’insuffisance des « conditions de sécurité » lui permettant d’entamer les évacuations. Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), aucun membre du personnel d’aide d’urgence n’a réussi, jusqu’à maintenant, à se rendre aux points d’entrée des corridors humanitaires mis en place.

 

Nouvelle accusation contre Damas

Par ailleurs, un nouveau rapport inculpe Damas dans une attaque chimique menée à Qmenas, de la province d’Idlib, au nord-ouest du pays, le 16 mars 2015. Un an après les faits, les experts estiment qu’il y a désormais « des informations suffisantes pour conclure que l’incident a été causé par un hélicoptère de l’armée syrienne larguant un engin à haute altitude, qui a touché le sol et répandu une substance toxique affectant la population ». Toutefois, la nature de la substance n’a pas été précisée mais le rapport évoque du chlore d’après les symptômes présentés par les victimes.

Il s’agit donc de la troisième attaque prouvée dans laquelle les forces progouvernementales syriennes ont usé d’armes chimiques. En effet, le Joint Investigate Mechanism, réunissant les experts des Nations unies et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), leur a déjà imputé deux attaques dans un rapport publié en Août. Ainsi, ils ont été déclarés responsables de l’attaque chimique à Talmenes, le 21 avril 2014 et à Samrine, le 16 mars 2015. En revanche, la commission d’enquête cherche toujours des preuves pour identifier les auteurs des attaques menées à Binnish, le 24 mars 2015 et à Kafr Zita, le 18 avril 2014.

En attendant, les pays occidentaux dont les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne réclament des sanctions contre les responsables de ces « crimes de guerre ». Il est à noter que l’utilisation d’armes chimiques est interdite par la Convention sur les armes chimiques de 1997. « Les individus ayant utilisé des substances chimiques, dont le chlore ou tout autre produit toxique, en tant qu’armes devront rendre des comptes » précise cet accord.