Syrie : cinq ans après, la guerre s’empire

La guerre s’enlise en Syrie et elle a pris un tournant catastrophique depuis bien des années. Dans un rapport, les enquêtes de l’ONU confirment l’utilisation d’armes chimiques durant des attaques menées en 2013, 2014 et 2015. Aux bancs des accusés : le régime de Damas et l’Etat islamique.

 

Le sang continue de couler…

15 mars 2011, une date marquante pour l’histoire de la Syrie. En effet, c’est la date qui symbolise le début de la révolution syrienne. Dans le contexte du « Printemps arabe », des manifestations ont ainsi eu lieu à travers le pays pour dénoncer l’autorité du régime de Bachar Al-Assad. En réponse, ce dernier a opté pour une répression sanglante et implacable. De son côté, l’opposition a réussi à se procurer des armes et a riposté. A partir de cet instant, le soulèvement se transformait alors en une guerre civile meurtrière.

Cinq ans après, la situation est loin de s’être améliorée. Au contraire, la situation s’aggrave de jour en jour. Selon les derniers chiffres publiés par l’Observatoire syrien des droits de l’homme, la guerre a fait 292.817 morts. Parmi eux, 84.742 sont des civils, 50.548 des combattants rebelles et de l’alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes, 49.547 sont des djihadistes et 104.656 des hommes appartenant aux forces progouvernementales.

Mais ces chiffres suscitent le doute. Selon l’ONU, le nombre de morts devrait atteindre actuellement les 400.000. Staffan de Mistura, émissaire de l’ONU pour la Syrie, a alors souligné : « Nous avions le nombre de 250.000 il y a deux ans. Eh bien, il y a deux ans, c’était il y a deux ans ». Et encore plus sombre, le Centre syrien pour la recherche politique, cité par The Guardian en février dernier,  a avancé plus de 470.000 morts.

 

…et des armes chimiques ont été utilisées

Par ailleurs, des crimes contre l’humanité ont aussi été commis en ces cinq ans de guerre. Parmi eux, l’utilisation d’armes chimiques qui est pourtant interdite par la Convention sur les armes chimiques de 1997. Ainsi, « les individus ayant utilisé des substances chimiques, dont le chlore ou tout autre produit toxique, en tant qu’armes devront rendre des comptes » stipule-t-elle. Et la Syrie connait cette interdiction puisqu’elle figure parmi les signataires de cet accord.

Mais cette convention semble avoir été oubliée. Le 21 août 2013, les forces gouvernementales de Bachar ont lancé une attaque sur les villes de la Ghouta. Durant cette offensive, des obus de mortier munis de charges neurotoxiques ont été lancés sur Zamalka, Aïn Tarma et Al-Mouadhamiya. En tout, 1.845 personnes ont décédé et 9.924 autres ont été blessés durant cette attaque selon l’Armée syrienne libre (ASL). Mais ce n’était pas la seule attaque durant laquelle les assaillants faisaient usage d’armes chimiques. En effet, des gaz de chlore ont aussi été répandus à Talmenes (21 avril 2014) et à Samrin (16 mars 2015).

Suite à ces attaques, les Nations Unies et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ont décidé de mener une enquête baptisée Joint Investigate Mechanism. Au total, les 24 enquêteurs de cette mission conjointe se sont penchés sur neuf attaques. Sans grande surprise, ils ont confirmé l’utilisation d’armes chimiques dans un rapport de 95 pages qu’ils ont transmis au Conseil de sécurité de l’ONU, le mercredi 24 août dernier. Si le rapport met en évidence la culpabilité du régime syrien, il accuse aussi l’Etat Islamique sur quelques attaques. Le rapport fera l’objet d’un débat au sein du Conseil ce mardi 30 août prochain et des sanctions pourront être annoncées.