Crimes de guerre au Soudan du Sud, Amnesty sonne l’alarme

Pendant ces deux ans de guerre sanglante, Soudan du Sud a été le théâtre de plusieurs atrocités. Aujourd’hui, Amnesty International dénonce un acte de « crime de guerre » et réclame que justice soit faite.

 

Des arrestations illégales et meurtres

En se basant sur de nouveaux éléments de preuve, Amnesty International a publié, ce vendredi 11 mars, un rapport dénonçant un acte de crime de guerre, commis par l’armée gouvernementale au Soudan du Sud, vers le mois d’octobre dernier.

Ainsi, l’organisation de défense des droits de l’homme accuse l’armée gouvernementale d’avoir tué plus de 60 hommes et jeunes garçons (gardiens de troupeaux, commerçants et aucun combattant) en les asphyxiant délibérément dans des conteneurs. Pour établir ce rapport, l’organisation s’est appuyée sur les témoignages de plus de 42 personnes dont 23 ont assisté soit aux arrestations, soit à l’enterrement.

Selon ces témoins, l’armée gouvernementale a procédé à des arrestations abusives d’hommes et de jeunes garçons entre le 20 et le 23 octobre 2015, dans le village de Luale et de Leer.  Mains attachées derrière leur dos, ces personnes ont été ensuite enfermées dans un conteneur de transport ne disposant ni de fenêtres, ni de système de ventilation alors que les températures dans cette partie du pays dépassent fréquemment les 40°C en journée.

Le lendemain matin, un seul d’entre eux a survécu. Les autres ont tous succombés et leurs corps ont été jetés par des soldats dans deux fosses à ciel ouvert à Kulier, à environ un kilomètre au nord-est de Leer. N’étant pas enfouis dans le sol, la majorité de ces corps ont été dévorés par des animaux.

 

Un pays en proie à la violence

Face à de telles atrocités, Amnesty International réclame justice auprès du gouvernement du Soudan du Sud. Ainsi, dans un communiqué de presse, Lama Fakih, conseillère pour les situations de crise à l’organisation, a déclaré : « De nombreuses personnes ont subi une mort lente et atroce aux mains des forces gouvernementales qui auraient dû les protéger. Ces homicides illégaux doivent faire l’objet d’une enquête les responsables doivent tous être déférés à la justice dans le cadre de procès équitables et sans recours à la peine de mort ».

Mais ces événements ne représentent qu’un exemple parmi les diverses atrocités et actes de barbaries dont fait preuve le gouvernement du Soudan du Sud. En effet, ce n’est pas la première fois que les soldats appartenant à l’armée gouvernementale utilisent les conteneurs comme cellules de torture. Par contre, c’est la première fois que l’acte fait l’objet d’une enquête sérieuse.

Et malgré diverses plaintes pour signaler des crimes de guerre, le tribunal du pays n’a encore mené aucune investigation. D’ailleurs, pour qu’il y ait de vrais procès équitables et efficaces, la Commission de l’Union Africaine devrait mettre en place un tribunal pénal hybride selon l’accord de paix signé par les parties au conflit, en août 2015.

En rappel, la guerre au Soudan du sud a débuté en 2013 quand Salva Kiir, le président, a accusé Riek Machar, le vice-président de l’époque, de comploter un coup d’Etat. Rapidement, la rivalité politique se transforme en une guerre d’ordre ethnique. Ainsi, des massacres, des tortures et des viols de masse ont été infligés aux tribus de Dinka et de Nuer, auxquelles appartiennent respectivement les deux hommes. Depuis plus de 2,3 millions de personnes ont décidé de quitter leur foyer pour sauver leur vie.