Crise humanitaire : nouvelle alerte de MSF pour la situation au Nigéria

Mercredi, Médecin Sans Frontières (MSF) a de nouveau lancé une alerte face à l’aggravation de la situation humanitaire dans l’Etat de Borno, au nord-est du Nigéria. Les zones reculées ont notamment besoin d’une « aide massive d’urgence », selon l’organisation humanitaire. Après avoir fui la guerre menée par l’armée contre Boko Haram, des millions de personnes souffrent aujourd’hui de faim.

 

L’aide humanitaire est insuffisante

Les victimes de la guerre entre l’armée nigériane et la secte islamique Boko Haram continuent de souffrir de faim dans l’Etat de Borno. Beaucoup de personnes qui se sont réfugiés dans ces zones contrôlées par l’armée dépendent de l’aide humanitaire, une aide qui reste insuffisante. « Bien qu’une urgence nutritionnelle ait été déclarée il y a trois mois, l’aide pour la population de Borno fait gravement défaut », constate le responsable des programmes d’urgence à MSF, Hugues Robert. « Nous demandons une nouvelle fois que des programmes d’aide massive soient déployés maintenant », a-t-il ajouté. « L’aide apportée jusqu’ici a été totalement insuffisante, elle n’a pas été coordonnée et elle était inadaptée aux besoins des personnes qui souffrent des conséquences de la crise », explique Natalie Roberts, responsable des programmes d’urgences au Nigéria.

Besoin d’aide humanitaire d’urgence

Le manque de nourriture et d’accès aux soins est un véritable problème dans plusieurs villes récemment accessibles comme Bama, Banki, Gwosa, Ngala et Gambaru. Un enfant sur dix risque de mourir à cause de la malnutrition aigüe sévère dans un camp de  80 000 personnes à Ngala. A Gambaru, c’est un enfant sur sept qui souffrent de cette maladie. Mais la situation est encore plus préoccupante à Maiduguri, au moins la moitié des 2,5 millions de personnes qui s’y trouvaient s’est réfugiée dans d’autres zones de Borno. Dans le camp de Custom House, MSF a dénombré un enfant sur cinq souffrant de malnutrition aigüe sévère. La faim y est la première cause de mortalité.

Maiduguri est facilement accessible à l’aide humanitaire. Pourtant, cette dernière n’arrive pas, selon Hugues Robert. « Pour éviter que la crise humanitaire s’aggrave encore, une aide alimentaire et des soins médicaux doivent être apportés maintenant dans les zones reculées et dans les zones accessibles dans l’Etat de Borno. Les autorités nigérianes ont la responsabilité de faire en sorte que les milliers de personnes dont la vie est en jeu reçoivent cette aide », déclare également Natalie Roberts.    

Boko Haram perd du terrain en Afrique à cause des différends internes et grâce aux efforts des armées du Tchad, du Niger et du Nigéria. La secte a même perdu en effectif au Tchad, des jeunes ont quitté les rangs pour regagner leur pays natal la semaine dernière. Toutefois, les conséquences des exactions du groupe terroriste sont difficiles à effacer.