Ghana : un exemple dans la lutte contre le gaspillage alimentaire et la faim

Le Ghana n’échappe pas à cette mauvaise habitude de jeter le surplus de nourriture, alors que certains n’ont rien à se mettre sous la dent. En voyant que les poubelles ghanéennes sont aussi riches que celles des pays occidentaux, un jeune Chef cuisinier a décidé de « collecter de la nourriture dont personne ne veut pour nourrir des gens que personne n’aide ».

Un Chef cuisinier contre le gaspillage alimentaire

Ancien Chef d’un restaurant branché à Accra, Elijah Amoo Addo se consacre aujourd’hui à nourrir les Ghanéens les plus démunis avec son association Food For All Ghana. Par ses propres études sur le gaspillage alimentaire, l’association estime que « 25 % des denrées sont perdues chaque année » dans le pays. Elle recommande alors aux entreprises agroalimentaires de laisser à sa disposition les produits dont la date de péremption arrive à son terme, au lieu de les jeter.

La nourriture collectée est triée, traitée et préparée avant d’être acheminée par des volontaires du Food For All Ghana vers des écoles, hôpitaux, orphelinats et autres établissements publics. Nii Afotey Botwe, fondateur de l’orphelinat New Life Nungua, à Accra, salue cette action : « nous sommes en permanence en manque de fonds, toute aide est la bienvenue ». Ce jour-là, les enfants ont pu manger du riz, de la viande, des frites, des condiments et de la sauce tomate.

Avec les 48.000 repas distribués ces trois dernières années, Amoo Addo prédit avec optimisme : « nous ne sommes pas loin de résoudre le problème de la faim ». En effet, il suffirait de réduire le gaspillage de 15 % pour nourrir plus de 7 millions de Ghanéens par an. Le Chef ambitionne même d’étendre son projet sur tout le continent : « l’Afrique a vraiment besoin de mettre en place ce type de banques alimentaires pour assurer les besoins des plus vulnérables ».

Le Ghana : un exemple dans la lutte contre la faim

En Afrique subsaharienne, le Ghana a été l’un des rares pays à atteindre l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD) qui consiste à réduire de moitié le taux de famine et de pauvreté à l’horizon 2015. Effectivement, le nombre de Ghanéens sous-alimentés est passé de 5,4 millions en 1990-1992 à 1,9 million en 2003-2005, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Tout cela a été possible grâce à des politiques d’investissement et de diversification de l’agriculture.

Toutefois, encore un quart des 27 millions de Ghanéens vit aujourd’hui en-dessous du seuil de pauvreté, malgré la production de pétrole en 2010. En 2016, l’Unicef recense 3,5 millions d’enfants ghanéens vivant dans la pauvreté, dont 1,2 million victimes de malnutrition. « On a des enfants qui ne vont pas à l’école uniquement parce qu’ils n’ont pas assez à manger. Ils doivent passer leurs journées à vendre n’importe quoi dans la rue pour réunir juste de quoi se nourrir », regrette le cuisinier.

Cette initiative ghanéenne devrait servir d’exemple et de déclic pour l’ensemble du continent africain pour réduire le gaspillage et lutter contre l’insécurité alimentaire. Toutefois, une solution durable passe obligatoirement par l’agriculture, vu que l’économie de nombreux pays d’Afrique est basée sur ce secteur et que le niveau de vie des populations à majorité paysannes en dépend considérablement.