Irak : les déplacés de Falloujah en détresse

Depuis le 23 mai dernier, Falloujah est devenu le théâtre des affrontements entre l’armée irakienne et les membres de Daech. Pour survivre, plusieurs milliers des habitants de cette localité ont pris la fuite et vivent actuellement dans des conditions catastrophiques.

 

Exode massif

Le 23 mai dernier, l’armée irakienne, appuyée par l’aviation de la coalition internationale, a lancé l’offensive contre Daech dans la ville de Falloujah, située à 50 km à l’ouest de Bagdad. Sous les bombardements et les balles, plusieurs milliers d’habitants ont choisi la fuite. Selon le Conseil Norvégien pour les réfugiés (NRC), ils sont plus de 85.000 dont 30.000 depuis le début de cette semaine à avoir quitté Falloujah. Cet exode massif est particulièrement inquiétant, d’ailleurs  « la situation devient critique » s’est alarmé un porte-parole du Bureau de l’ONU pour les affaires humanitaires (OCHA) lors d’un point de presse, le mardi 21 juin dernier, à Genève.

En effet, la situation est critique pour ceux qui ont réussi à atteindre les camps de déplacés autour de Falloujah. Pour cause, la majorité de ces camps sont actuellement surpeuplés et ne peuvent plus garantir un abri digne pour les déplacés. Dans un des camps d’Amriyat al-Falloujah, par exemple, le responsable a déploré : « 400 familles ont atteint mon camp au cours des quatre derniers jours, elles n’ont rien. Nous avons obtenu des tentes pour certains d’entre eux, mais les autres, y compris les femmes et les enfants, dorment par terre, sous le soleil. Leur situation est tragique ».

Mais la situation est beaucoup plus catastrophique pour ceux qui n’ont pas pu sortir de la ville. Selon les estimations, il y a plus de 50.000 personnes qui sont toujours bloquées à Falloujah, dont des femmes enceintes, des personnes malades, âgées ou alors handicapées. « Nous implorons le gouvernement irakien de prendre en charge cette catastrophique humanitaire qui se déroule sous nos yeux » a imploré Nasr Muflahi, directeur du NCR.

 

Un désastre humanitaire

Pour venir en aide à ces déplacés, le Bureau de l’ONU pour les affaires humanitaires aura besoin d’un fond d’aide de plus de soixante millions de dollars tandis que le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) réclame 17,5 millions. Ces fonds devraient approvisionner ces personnes en nourriture et en médicaments pour une durée d’un mois. Par ailleurs, trois autres camps sont actuellement en cours de construction pour une capacité totale de 30.000 personnes.

De son côté, le gouvernement prévoit aussi la construction de nouveaux camps mais les ONG restent pessimistes sur cette question. Pourtant, plusieurs milliers de civils risquent d’arriver dans les jours à venir puisque les combats continuent à Falloujah même si les forces irakiennes ont déjà repris le contrôle de plusieurs quartiers et ont affaibli les combattants de l’EI. Il est à rappeler que la ville de Falloujah a été conquise par Daech depuis 2014 puis assiégée par l’armée irakienne.

En tout cas, ces déplacés vont s’ajouter aux 65,3 millions de réfugiés et déplacés à travers le monde annoncés par le Haut-Commissariat des réfugiés dans son rapport publié le 20 juin dernier. Et tant que les conflits persistent en Irak ou encore en Syrie, le nombre de personnes à quitter leur foyer et même à quitter leur pays ne risque pas de diminuer. Et bien entendu, la crise migratoire va s’empirer.