L’irresponsabilité des casques bleus pointée du doigt

Entre accusations de viols, sévices et autres abus, l’image des casques bleus est de plus en plus ternie. Marre des scandales, l’ONU compte prendre des mesures radicales contre ceux qui ne respectent pas les règles de l’organisation.

 

L’affaire Malakal

Le jeudi 23 juin, l’ONU a publié deux rapports accablants contre les casques bleus du Soudan du Sud. Et le verdict est sans appel puisque le rapport admet « des lacunes dans la réponse » de ces soldats lors de l’attaque qui s’est déroulée dans le camp de déplacés à Malakal. « Certains ont manqué de réactivité et certains ont manifesté une méconnaissance des règles d’engagement » a souligné le rapport.

En rappel, une base des Nations Unies située à Malakal a été le théâtre d’une attaque sanglante dans la soirée du mercredi 17 février dernier. Vers 23 heures, des hommes ont ouvert le feu dans ce camp qui abrite 47.800 déplacés causant la mort à 25 personnes et blessant plus d’une centaine d’autres. Visiblement, cette attaque a été préméditée puisque des soldats portant des uniformes de l’armée sud-soudanaise auraient pu entrer dans ce camp pour y cacher des armes, des balles ainsi que des grenades.

Quoi qu’il en soit, l’ONU estime que ses soldats ont leur part de responsabilités dans ce lourd bilan. Il est à noter que les troupes présentes durant cette attaque sont originaires du Rwanda, d’Inde et d’Ethiopie. Si une partie d’entre eux ont attendu le feu vert de leur capitale, d’autres ont tout simplement pris la fuite. Des comportements que les Nations Unies ne comptent pas laisser passer aussi facilement. Ainsi, Hervé Lasdous, responsable des opérations de maintien de la paix, a assuré : « Il y aura un suivi comme cela été le cas sur d’autres théâtres d’opération ».

 

Une série de scandales

Et des scandales et accusations dans d’autres théâtres d’opération, il y en a pas mal. Il faut même avouer que les casques bleus ont été à plusieurs fois au centre de scandales. Au cours de l’année 2015, les casques bleus ont commis 69 cas d’abus sexuels a dévoilé le rapport annuel de l’ONU en mois de mars dernier. Parmi ces 69 cas, 22 ont été recensés en Centrafrique et 16 en République démocratique du Congo. Le plus choquant était de découvrir qu’au moins dans 19 de ces cas, les victimes étaient des mineurs.

« Les abus les plus récents que nous ayons recensés se sont produits en Centrafrique par des casques bleus et des soldats de l’Union africaine. Il y a eu des abus sexuels contre des femmes et des enfants, mais aussi des personnes qui ont été torturées à mort ou vraisemblablement exécutées de manière sommaire par des casques bleus. Il s’agit donc de crimes extrêmement graves pour lesquels il n’y a, pour l’instant, autant qu’on le sache, aucune action en justice » a rappelé Philippe Bollopion, directeur général adjoint du plaidoyer à Human Right Watch. Une chose est sure, ce genre de situation ternie à l’image de l’ONU.