Irak : un retour à la maison vivement déconseillé pour les déplacés

La reprise de Mossoul se déroule dans des conditions moins rudes que prévu. Une évolution qui fait miroiter le spectre de la reprise d’une vie normale aux yeux de nombreux Irakiens. Leur retour dans leurs habitations respectives est pourtant loin d’être évident.

 

Irak : plus de trois millions  de déplacés depuis le début de l'offensive en 2014

Depuis le début de l’offensive en 2014, plus de trois millions d’Irakiens ont été déplacés

 

Une vive envie de retrouver son chez soi

La série de reprises des villages anciennement occupés par les djihadistes réveille en beaucoup d’Irakiens leur envie de retrouver leur chez soi. Dans les camps de déplacés, la vue à travers les grillages ne fait que les renforcer dans leurs convictions. Manque de nourriture, absence d’infrastructures, épuisement des aides… les conditions de vie à l’intérieur de ces camps de fortune constituent pour certains d’entre eux un argument majeur pour revenir dans leur village.

Ces Irakiens déplacés à maintes reprises par les membres de l’Etat Islamique (EI) sont visiblement convaincus qu’une fois dans leurs anciennes maisons, la vie ne peut être que meilleure. Certains estiment, par exemple, qu’ils pourraient facilement trouver du travail dès qu’ils pourront sortir des camps de déplacés. Jenny Sparks de l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) a pu apprendre que ces Irakiens aspirent surtout à « retrouver une vie normale », mise à part leur envie de « sauvegarder leurs maisons ».

 

Un retour loin d’être évident

Les humanitaires œuvrant en Irak sont pourtant unanimes quant au caractère dangereux d’un retour prématuré dans ces villages. Bien que la plupart des djihadistes ont déserté les lieux, les combats se poursuiven d’une manière sporadique. Certaines zones requièrent même une campagne de déminage de grande ampleur avant d’être à nouveau habitable.

De plus, les djihadistes semblent avoir fixé un prix à leur désertion : les soldats Irakiens racontent avoir été confrontés à des bombes artisanales posées avec ruses sous une simple peluche d’enfant, sous un Coran ou encore raccordées à un interrupteur.

Becky Bakr Abdulla du  Norwegian Refugee Council (NRC) regrette ainsi les annonces qualifiant les zones fraîchement libérées d’« assez sures » pour habitation. Cette humanitaire affirme que dans la plupart des cas, cette initiative expose de nombreuses personnes à des dangers conséquents.

Pour couronner le tout, il faut aussi savoir que les organisations caritatives traînent des pieds pour distribuer des aides dans certaines zones, par peur d’une attaque suicide suscitée par les attroupements de civils.