Alors que l’évacuation d’Alep-Est se poursuit, l’ONU a voté à l’unanimité le déploiement d’observateurs sur les lieux, le lundi 19 décembre dernier. Certes, cette résolution est assez tardive mais elle laisse espérer un changement de cap de Moscou sur le dossier syrien.
Une évacuation délicate
Suspendue vendredi dernier à cause de plusieurs incidents, l’évacuation a repris depuis dimanche, dans la nuit, à Alep-Est. Certes, elle n’a pas été annoncée officiellement mais des convois composés d’une quarantaine d’autocars ont tout de même pu transporter 3.000 civils, combattants et blessés vers la ville d’Idlib, située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest d’Alep, lundi matin. C’est là que des équipes du Croissant rouge et de la Croix-Rouge ont préparé des tentes pour les accueillir.
Jusqu’ici, le nombre exact des personnes évacuées n’a pas été confirmé. D’ailleurs, les chiffres changent selon les sources. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), près de 14.000 personnes ont pu quitter des quartiers rebelles d’Alep depuis le début de l’opération, jeudi dernier. De son côté, la Turquie avance le chiffre de 20.000 civils évacués dont 12.500 depuis dimanche. Même confusion autour du nombre de personnes toujours bloquées dans cette zone. En effet, l’ONU affirme qu’il y resterait au moins 40.000 personnes alors que la Russie a chiffré, quelques jours plus tôt, entre 80.000 à 100.000 le nombre de civils qui devraient être évacués.
Mis à part cette confusion au tour du bilan, l’évacuation totale d’Alep s’annonce aussi difficile. En effet, l’Iran exige l’évacuation de Foua et de Kefraya en même temps que celle d’Alep. Ces deux villages chiites sont assiégés par les rebelles depuis maintenant plus de deux ans. Et pour exiger la libération des habitants qui y sont toujours bloqués, des milices chiites ont saboté l’évacuation à Alep-Est, le vendredi dernier, menant à la suspension de l’opération. Lundi, le problème a été partiellement réglé puisque 500 personnes issues de ces deux localités ont été évacuées. Toutefois, les rebelles redoutent que Téhéran et ses alliés risquent de continuer les sabotages tant que le siège ne sera complètement levé de ces villages.
Un texte de compromis
A plusieurs kilomètres de là, le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est réuni en urgence à New York. A l’issue de cette réunion, une résolution a été adoptée à l’unanimité par les 15 pays membres. Celle-ci réclame le déploiement d’observateurs en Syrie « pour une surveillance adéquate, neutre et une observation directe de l’évacuation des parties assiégées d’Alep ». Un texte de compromis qui marque le premier signe d’unité de l’union depuis des mois. Toutefois, rien n’assure que le régime syrien va réellement accepter ce déploiement.
Quoi qu’il en soit, Staffan de Mistura, veut profiter de ce développement favorable pour relancer les pourparlers. Pour l’émissaire de l’ONU en Syrie, « il est vital de construire sur cette avancée de nouvelles étapes ». Ainsi, il prévoit de réunir le régime syrien et l’opposition le 8 février prochain à Genève en vue d’un règlement politique du conflit. Espérons qu’il aura plus de chance pour cette fois-ci. A noter que trois séries de pourparlers ont déjà été organisés au cours de ces dernières années mais toute s’est soldée par un échec.