Istanbul : deux jours pour refaire le monde humanitaire

Sous l’égide des Nations Unies, plusieurs acteurs de l’aide humanitaire se réunissent depuis le lundi 23 mai dernier à Istanbul. Principal objectif : fixer le programme de l’action humanitaire dans les années à venir mais la tâche sera difficile.

 

Premier sommet humanitaire

Entre les catastrophes naturelles, les conflits et les autres crises, la souffrance humaine s’est intensifiée au cours de ces cinquante dernières années. Actuellement, plus de 125 millions de personnes à travers le monde ont besoin d’une aide humanitaire et environ 60 millions ont besoin de refuge.

Face à ces chiffres inquiétants, Ban Ki-Moon, le secrétaire général des Nations Unies a évoqué son intention de convoquer un sommet international consacré à l’aide humanitaire il y a quatre ans. Après trois ans de préparation, dont la consultation de près de 23.000 personnes dans 153 pays, c’est finalement en Istanbul que ce fameux sommet a eu lieu pour deux jours : les 23 et 24 mai.

Pour cette première édition, le sommet a réuni près de 6.000 participants issus de 135 pays dont des dirigeants de pays, des représentants d’ONG et autres personnalités. La première journée était marquée par les discours de différentes personnalités qui ont fait comprendre l’importance d’une réorganisation de l’aide humanitaire pour être plus efficace sur le terrain.

Ce mardi 24 mai, les participants devront se pencher sur plusieurs thématiques réparties en plusieurs tables-rondes telles que : les sources et les méthodes de prévention des conflits, les menaces liées aux armes nucléaires ou encore la place des personnes handicapées dans la société. Le sommet cherche ainsi à prévenir que guérir. D’ailleurs, Ban Ki-Moon l’a bien souligné lors de son discours d’ouverture en déclarant : « Il faut s’attaquer aux racines profondes des conflits. Il faut non seulement protéger la vie des plus fragiles mais également donner à chacun une chance de mener une vie dans la dignité ».

 

Un sommet controversé

D’après les discours qui se sont succédés lors de son ouverture, ce sommet est ambitieux. Et face à la difficulté que rencontrent actuellement les acteurs humanitaires à venir au secours des plus démunis, il est peut-être temps d’apporter certains changements dans l’action humanitaire.

Par contre, aucun des engagements n’est contraignant. Et c’est surtout ce point qui suscite le pessimisme et la réticence de certains acteurs. Parmi eux, Médecins Sans Frontières a décliné son invitation en estimant que le sommet ne traite pas les « vrais enjeux problématiques » du moment.

En outre, le choix du sommet a aussi suscité beaucoup de critiques. En effet, beaucoup estiment que la Turquie est loin d’être un bon élève en matière d’aide humanitaire. Certes, Ankara a accueillie plus de 2,7 millions de réfugiés depuis le début de la guerre en Syrie mais ses conditions d’accueil sont déplorables. Et son attitude envers l’accord UE-Turquie ne fait que le confirmer.

En tout cas, les participants de ce sommet veulent garder leur optimisme. Surtout quand Angela Merkel, la chancelière allemande a déclaré : « Très souvent, des promesses des dons sont faites, mais l’argent ne suit pas. Cela doit cesser ! ».