Népal : le mariage d’enfants persiste

Au Népal 37% des filles et 11% des garçons se marient avant l’âge de 18 ans, souvent contre leur gré. L’ONG Human Right Watch (HRW) dénonce catégoriquement l’absence de réaction des autorités népalaises face à cet acte illégal dans son rapport publié jeudi 08 septembre.

 

Le mariage des enfants de nos jours

En plus d’être une violation des droits de l’homme, le mariage des enfants est probablement la forme la plus répandue de la maltraitance sexuelle. De nos jours encore, ce phénomène persiste particulièrement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud malgré les efforts menés pour l’éradiquer. Son ampleur mondiale s’élève à 15 millions d’enfants par an et varie selon les pays. Selon un rapport issu d’observations, d’analyses et d’interviews effectuées par l’ONG HRW, le Népal tient le 3ème rang, derrière l’Inde et la Bengladesh, dans la liste des pays asiatiques les plus concernés par ce phénomène. Une fille sur 3 y est unie à un homme avant sa majorité civile. 11% des garçons se marient avant 18 ans et 10% des filles se marient avant 15 ans.

Le document de HRW intitulé « Our time to sing and play – child marriage in Nepal » (A notre tour de chanter et de jouer – le mariage des enfants au Népal) a été publié jeudi. Il dévoile non seulement des chiffres très inquiétants mais également des rêves envolés, des femmes désespérées et surtout l’avenir compromis de tout un pays. La quasi-indifférence du gouvernement népalais face à la situation est pointée du doigt par HRW dans ce rapport. Effectivement, les autorités ne favorisent pas l’application de la loi stipulant l’illégalité du mariage avant 20 ans. « Beaucoup d’enfants au Népal – filles comme garçons – sont privés de leur avenir en raison de mariages précoces. Le gouvernement népalais promet des réformes, mais dans les villes et villages du pays, rien ne change » alerte la chercheuse Heather Barr de HRW.

Les causes et conséquences de ces faits

Selon toujours ledit rapport, les pressions économiques et sociales jouent un rôle important dans ces mariages précoces. Pour les familles à revenus limités, les enfants sont souvent considérés comme des fardeaux et les marier signifie diminution des dépenses. Le pire c’est que les filles acceptent parfois de se marier tôt dans l’espoir de trouver une meilleure condition de vie que celles de leurs parents. A cela s’ajoute évidemment la tradition trop ancrée qui favorise l’inégalité du genre, l’offre de dot et les mariages d’enfants depuis des générations.

Les retentissements économiques et sociaux de ce phénomène sont dangereux, cite le rapport. Au Népal, le pourcentage de la mortalité maternelle liée à la grossesse et l’accouchement est à la hausse car les corps de ces filles ne sont pas encore mûrs pour la procréation. Les cas de la mortalité infantile recensés augmentent de manière constante dans ce pays. Le rapport en indique la raison : les nourrissons des filles de moins de 18 ans ont 60% de risque de mourir que ceux des autres. Outre ces problèmes, le mariage des enfants est aussi un blocage pour le développement d’un pays car il engendre l’accroissement considérable des charges sanitaires du pays. Il est également une source du manque d’éducation de la population, de la malnutrition, de la diminution de la population active et de la productivité.

Le mariage d’enfant n’est pas un issu mais un chemin qui mène vers une pauvreté encore plus profonde.