Peuple syrien : pris au piège dans une guerre sans fin

Après cinq ans de guerre, la situation est plus que dramatique en Syrie. Suite à la reprise des combats, l’aide humanitaire n’a plus accès aux villes assiégées et la reprise des pourparlers semble incertaine.

 

Des habitants condamnés

Malgré la détresse des habitants bloqués dans les villes assiégées, aucune des parties en conflits ne veut se fléchir et permettre aux acteurs humanitaires de leur apporter un peu d’aide. Il est clair que la stratégie d’affamement est exploitée par les deux côtés pour affaiblir davantage leurs adversaires.

Actuellement, trois localités sont au bord du chaos à cause de cette situation dont le Daraya, le Kefraya et le Foua. Le Daraya est une ville située près de Damas, fief des rebelles et assiégée par le régime de Bachar Al-Assad depuis 2012. Les deux autres sont contrôlées par les forces pro-gouvernementales mais assiégées par les rebelles.

Dans ces trois villes, les habitants manquent de tout et souffrent dramatiquement de faim. Et plusieurs autres localités sont dans cette même situation. A l’issue d’une réunion d’urgence du Groupe de travail sur l’accès humanitaire en Syrie, à Genève, Jan Egeland, celui qui dirige ce groupe, a indiqué que seules 160.000 personnes vivant dans les zones assiégées ont pu recevoir une aide humanitaire. Il a expliqué que « même dans les endroits où nous avions l’accord du gouvernement, nous avons rencontré d’infinis problèmes pour rejoindre les lieux et dans d’autres endroits où nous avions un accord sous conditions » en faisant référence à Daraya et Douma. Finalement, il a souligné que « les enfants sont si mal nourris qu’ils vont mourir si nous ne parvenons pas à les atteindre ».

 

Des pourparlers incertains

A côté de ce désastre humanitaire, les pourparlers de paix sur la Syrie ne risquent pas de reprendre dans l’immédiat. C’est ce que Staffan de Mistura, émissaire spécial de l’ONU en Syrie, a fait comprendre le jeudi 26 mai dernier quand il a rendu son bilan concernant la situation actuelle sur le terrain devant les membres du Groupe de travail, par vidéo-conférence. L’émissaire onusien a expliqué qu’il attend plus d’amélioration sur le terrain, notamment sur « la cessation des hostilités et à l’accès humanitaire » avant d’envisager de reprendre les négociations. Il envisage ainsi de ne mettre en place la troisième session des pourparlers que « d’ici deux ou trois semaines ». En attendant, il a assuré qu’il allait « maintenir des contacts étroits avec les parties concernées » pour définir ensemble le « moment opportun ».

Sur la même lancée, les Etats-Unis exigent aussi une évolution de la situation sur le terrain. Ainsi, Samantha Power, ambassadrice américaine, a insisté sur le fait que « la Russie a une responsabilité particulière de faire pression sur le régime Assad afin qu’il respecte la cessation des hostilités et cesse de bombarder et d’assiéger des civils syriens innocents ».

En attendant que les parties en conflits donnent cet accès, l’ONU envisage d’envoyer l’aide par voie aérienne. Certes, la dernière tentative de ce largage aérien a misérablement échoué mais l’organisation n’a visiblement pas le choix. En rappel, des palettes contenant des colis humanitaires ont été largué dans la ville de Deir Ez-Zor, contrôlée par le régime et assiégée par les rebelles, en mois de février dernier. Malheureusement, pendant cette opération, dix des 21 palettes « ont dérivé et n’ont pas encore été retrouvées ».