Pollution au diesel : la « tromperie » des constructeurs

Les constructeurs automobiles trompent les conducteurs sur les émissions polluantes de leur véhicule. C’est ce que révèlent les tests menés sur différents modèles de véhicules, en Belgique. Des marques qui ont déjà été citées dans des affaires de fraude sur les tests antipollution figurent dans la liste.

 

 

Une tromperie de la part des constructeurs

38 véhicules de marques différentes, dont Nissan qui a été accusé récemment de tricher lors des tests antipollution, ont fait l’objet de tests de pollution dans la région de Wallone, en Belgique. Le Centre de technologie avancée (CTA) de Mons a mesuré en conditions réelles les émissions en oxyde d’azote (NOx) et en dioxyde de carbone (CO2) des véhicules diesel. Les résultats montrent qu’aucun ne correspond à ce qui est déclaré par les constructeurs dans leurs catalogues. En moyenne, les émissions de NOx dépassent de 3,4 fois la norme de 180 mg/km. Pour le CO2, ce dépassement s’élève à 36 % par rapport à la valeur qui est déclarée et homologuée.

Le ministre belge de l’Environnement, Carlo Di Antonio, dénonce cette « tromperie ». « Il ne faut pas pénaliser les conducteurs actuels qui ont été floués par les constructeurs, mais orienter les achats futurs vers des véhicules plus propres », a-t-il expliqué. Il propose donc de réviser la fiscalité automobile en Wallonie, vu que « c’est un enjeu en matière de santé publique ». Enfin le ministre accable l’Europe d’ « imposer des tests qui ne sont pas fiables et met ensuite les Etats en demeure de respecter les normes d’émission d’azote ».

 

Plusieurs marques françaises concernées

Plusieurs grands constructeurs français figurent parmi ces pollueurs, notamment Renault. En France, ce dernier a déjà fait l’objet de perquisitions de la part de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes vers le début de l’année. Renault a affirmé après ces perquisitions que « les tests menés par le gouvernement sur les moteurs diesel n’ont détecté de logiciel truqueur ». Ce qui a été confirmé par la ministre française de l’Ecologie, Ségolène Royal, « les tests n’établissent pas l’existence de logiciels de fraude sur les véhicules Renault. La coopération de Renault est tout à fait exemplaire, je fais toute confiance à Renault ». La ministre a ensuite annoncé que les émissions de plusieurs constructeurs étrangers, mais également Renault, dépassent les normes.

La succession des scandales de fraudes, les pics de pollution et les engagements sur le climat durant l’accord de Paris ont poussé la Mairie de Paris, le ministère de l’Ecologie et le Groupement des autorités responsables d transport (GART) à adopter le dispositif « certificat sur la qualité de l’air« . Six vignettes de couleurs différentes seront apposées aux véhicules selon leur degré d’émissions polluantes. Les véhicules les plus polluants, notamment ceux qui sont antérieurs à 1997, n’auront plus le droit de circuler dans la ville de Paris dès le 1er juillet 2016. Par la suite, ce dispositif sera étendu vers les autres villes.

Ces derniers mois, les scandales de tricherie sur les tests antipollution se sont succédés, les masques de nombreux constructeurs sont tombés. Toutefois, les accusations sont à prendre avec recule, vu que l’autorité de régulation qui dénonce est souvent de nationalité différente que le constructeur. Ce serait dommage que les enjeux climatiques soient cachés par une simple guerre de marchés.