Quand l’ONU perd toute crédibilité !

Depuis plus d’un an, Yémen est ravagé par une guerre meurtrière. Etant les plus vulnérables, les enfants sont les plus affectés et pourtant, le responsable semble s’en tirer trop facilement.

 

ONU épingle Riyad

Dans son rapport publié le jeudi 2 juin dernier, Ban Ki Moon a intégré l’Arabie Saoudite dans la liste noire des pays qui ne respectent pas les droits des enfants. Pour cause, le secrétaire général de l’ONU accuse la coalition menée par Riyad d’avoir tué 510 enfants et en avoir blessé 667 durant l’année 2015 en bombardant des écoles et des hôpitaux au Yémen.

« La situation au Yémen s’est montrée particulièrement préoccupante avec une multiplication par cinq du nombre d’enfants recrutés (pour participer aux combats) et six fois d’enfants tués et blessés par rapport à 2014 » a déploré Leila Zerrougui, représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés des Nations unies. De son côté, Julien Harneis, représentant de l’Unicef au Yémen, a souligné que « Dans ce conflit, les enfants paient le prix fort. Ils sont tués ou blessés dans tout le pays et ne sont plus en sécurité nulle part. Même jouer ou dormir peut être dangereux ».

Et, le rapport publié par Amnesty International, le mois dernier, enfonce encore plus l’Arabie Saoudite sur ce sujet. Selon ce rapport, Riyad a recouru à des bombes sous-munitions qui transforment actuellement plusieurs zones du territoire yéménite en de vrais champs de mines. Par conséquent, plusieurs personnes en sont blessées tous les jours, d’autres y laissent même leur vie. Et parmi les victimes figurent malheureusement plusieurs enfants a dénoncé l’organisation.

 

« manque de crédibilité »

Mais il se trouve que Riyad a réussi à sortir de cette liste noire. Le lundi 6 juin dernier, l’ONU l’a retiré de cette fameuse liste. La décision a rapidement fait scandale surtout auprès des ONG qui n’ont pas hésité à crier leur rage et leur incompréhension à l’encontre de Ban Ki Moon. Le mercredi 8 juin, vingt ONG et associations luttant pour les droits de l’homme, dont Amnesty International, Human Right Watchs, Oxfam ou encore la Terre des Hommes, ont demandé à la réinsertion de l’Arabie Saoudite dans cette liste.

Pour Philippe Bolopion, directeur adjoint de HRW : « Comme cette liste fait place à la manipulation politique, elle perd sa crédibilité et ternit le bilan du secrétaire général dans le domaine des droits de l’homme ». De son côté, Jo Becker, responsable de la protection des enfants à Human Rights Watch a dénoncé que « ce retrait va à l’encontre des preuves flagrantes qui montrent que les violations commises par la coalition menée par l’Arabie Saoudite ont tué et blessé des centaines d’enfants au Yémen ».

De son côté, Ban Ki Moon a évoqué des « pressions injustifiées » de la part de l’Arabie Saoudite, pour justifier cette décision lors d’une conférence de presse. Le secrétaire général de l’ONU a ensuite expliqué : « La décision de retirer la coalition de la liste noire a été l’une des plus douloureuses et difficiles que je n’aie jamais prises. J’ai aussi dû tenir compte de la perspective très réelle de voir de millions d’autres enfants souffrir gravement si, comme cela m’a été suggéré, certains pays supprimeraient des financements à plusieurs programmes de l’ONU. Il y a déjà des enfants vulnérables en Palestine, au Soudan du Sud, en Syrie et au Yémen. »