Syrie : sous les bombardements, l’aide humanitaire se fraye un chemin

Depuis le dimanche 25 septembre dernier, la livraison de l’aide humanitaire a repris en Syrie. Si quatre villes assiégées ont pu bénéficier de cette aide, Alep reste toujours inaccessible et sombre davantage vers une crise humanitaire catastrophique.

 

De l’aide humanitaire pour quatre villes assiégées

Après une suspension temporaire suite à l’attaque d’un convoi près d’Alep, le 19 septembre dernier, l’aide humanitaire a repris en Syrie. Ainsi, une quarantaine de camions transportant du riz, des lentilles, de la farine, de l’huile végétale et des haricots ont été préparés. Mené conjointement par les Nations Unies et le Croissant Rouge Syrien, ce convoi devrait apporter « une bouffée d’air à 60.000 personnes qui sont en demande de nourriture et de soins médicaux, et qui ont été coupés en toute aide humanitaire depuis cinq mois » a souligné Jakob Kern, directeur du WFP en Syrie.

C’était donc avec soulagement que les habitants de Madaya et Zabadani, assiégées par le régime de Bachar, et Kefraya et Foua, assiégées par les rebelles, ont reçu leurs colis, le dimanche 25 septembre dernier. Depuis Avril dernier, ces communes de Damas et d’Idleb ont été privées de toute aide et leurs habitants étaient livrés à eux-mêmes. A Madaya et à Zabadani, plusieurs enfants souffraient même de la malnutrition. Ainsi, ces deux villes ont reçu en plus des colis alimentaires, des produits spécialisés visant à combattre cette malnutrition.

Certes, l’accès à ces quatre villes est déjà une importante avancée pour les humanitaires mais l’objectif est loin d’être atteint. En effet, il existe encore 14 villes assiégées à travers la Syrie. Selon l’ONU, plus de 520.000 personnes y sont toujours bloquées et vivent dans des conditions déplorables. Face à cette situation critique, M. Bern a appelé « les parties impliquées dans ce terrible conflit à ouvrir immédiatement les routes pour laisser un accès inconditionnel et sécurité à l’aide humanitaire ».

 

L’enfer continue à se dessiner à Alep

Parmi ces villes toujours assiégées, Alep s’enfonce plus que jamais dans le chaos. La route de Castello, seule voie de ravitaillement de la ville, a été coupée par les forces progouvernementales en juillet dernier. Depuis, ses quelques 250.000 habitants manquent de tout : nourritures, médicaments, soins… « Nous avons supporté les bombardements ces dernières années mais maintenant il n’y a ni pain, ni eau potable, rien dans les marchés. La situation s’empire de jour en jour » a déploré Hassan Yassine, un habitant d’Alep.

Malheureusement, les humanitaires ne peuvent toujours pas atteindre la partie Est de la ville. La dernière fois qu’ils ont essayé, ils ont été bombardés. En effet, dans la nuit du 19 au 20 septembre, un convoi humanitaire constitué d’une trentaine de camions a été bombardé dans le quartier d’Omren al-Kubra. Non seulement cette attaque a privé les habitants de ce quartier d’aide mais elle a aussi coûté la vie à douze travailleurs humanitaires et chauffeurs de camions. Un acte que les Nations Unies qualifient « d’attaque contre l’humanité ».

Mais en parlant de bombardements, ils se sont considérablement intensifiés à Alep depuis la semaine dernière. En effet, il n’aura fallu que deux heures après l’annonce de la fin du « cessez-le-feu » pour que le régime de Bachar al-Assad et son allié russe y lancent une importante offensive. Leur but : reconquérir de la totalité de la ville coûte que coûte. Il est à noter qu’Alep est la deuxième plus grande ville du pays et elle représente un enjeu majeur pour les rebelles grâce à sa situation géographique. Reprendre le contrôle sur Alep signifierait donc gagner la guerre pour les forces progouvernementales. Quoi qu’il en soit, 140 personnes ont perdu leur vie depuis la semaine dernière selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).