Syrie : la trêve part en éclat

Après cinq ans de guerre, la Syrie est plus que jamais au bord du gouffre. Le « cessez-le-feu » se rompt petit à petit et les habitants des villes  assiégées risquent à nouveau d’être privés d’aide humanitaire.

L’aide humanitaire à Rastane

Depuis 2012, Rastane n’a plus reçu aucune assistance humanitaire. Contrôlée par les rebelles et assiégée par l’armée gouvernementale, la ville était devenue inaccessible et ses 120.000 habitants se sont retrouvés seuls, livrés à eux-mêmes.

Mais profitant de la trêve instaurée depuis le 27 février, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), en collaboration avec le Croissant rouge syrien, a pu envoyer un convoi de soixante-cinq camions. Transportant de la nourriture, des médicaments et du matériel médical, ces camions sont entrés dans la ville dans la journée du jeudi 21 avril.

La cessation partielle des hostilités a ainsi permis de venir en aide à plusieurs familles. Cependant, les combats ont déjà repris sur tous les fronts et les convois ont de plus en plus du mal à entrer dans certaines zones.

 

« La trêve n’existe plus »

C’est le cas, d’ailleurs, de la ville d’Alep qui est de nouveau le théâtre de violents affrontements entre les forces du régime et des rebelles. Depuis le lundi 25 avril dernier, les forces gouvernementales et ses alliés (les milices et l’aviation russe) ont décidé de mener une vaste offensive dans cette ville afin de reprendre les quartiers aux mains des rebelles.

En deux jours d’affrontements, le bilan est déjà lourd. Présent sur le terrain, l’Observatoire Syrien des droits de l’homme fait état d’au moins 30 morts dont huit enfants et plusieurs dizaines de blessés. Pour Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH : « la trêve n’existe plus ». Une situation préoccupante et face à laquelle, Ban Ki-Moon a appelé les parties en conflit à « maintenir la suspension des hostilités » pour que les humanitaires puissent accomplir leur tâche.

Après huit semaines de trêve, la Syrie replonge donc de nouveau dans cette crise sanglante qui a déjà fait 270.000 morts et a forcé plusieurs millions d’autres à fuir le pays. Et la situation risque de s’empirer puisque les Etats-Unis comptent aussi s’engager dans ces affrontements. En effet, Barack Obama a annoncé le déploiement de 250 soldats pour soutenir les groupes rebelles dans la lutte contre l’Etat Islamique. Certes, ces militaires ne seront pas au premier front mais ils conseilleront les groupes rebelles sur les stratégies à adopter et les idées pour accroître la portée des attaques.