Trêve en Syrie : le pays partagé entre soulagement et méfiance

Suite à un accord conclu entre les Etats-Unis et la Russie, une trêve est entrée en vigueur en Syrie depuis le lundi 12 septembre dernier. Si le cessez-le-feu est globalement respecté à travers le pays, quelques incidents ont été toutefois signalés.

 

« Trêve de la dernière chance »

Après cinq ans de guerre sanglante, le bilan est particulièrement lourd pour la Syrie. Selon l’Observatoire Syrien des droits de l’homme, la barre des 300.000 morts a été dépassée. D’après un décompte mené par l’organisation jusqu’au 12 septembre dernier, la guerre aurait fait 301.781 morts dont 86.692 civils parmi lesquels figurent 15.099 enfants. La situation est donc plus que catastrophique et la guerre doit impérativement prendre fin.

Principaux acteurs du dossier syrien, Washington et Moscou ont conclu un accord pour une trêve, le samedi 10 septembre dernier. Cet accord stipule l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu sur l’ensemble du pays à compter du lundi 12 septembre dernier à 19h (heure locale). En outre, il préconise l’accès sans entraves de l’aide humanitaire aux zones assiégées dont principalement Alep. Et, il prévoit la « démilitarisation » de la route du Castello, principale voie de ravitaillement de cette ville, contrôlée par le régime syrien depuis juillet dernier.

Si le régime de Bachar al-Assad a approuvé cette trêve, il se réserve tout de même « le droit de riposter de manière conséquente à toutes violations de la part des groupes armés ». De leurs côtés, les rebelles semblent aussi s’en tenir à ces quelques jours de répit même s’ils n’ont pas donné leur approbation officielle. Il est à noter que cet accord, comme celui du mars dernier, ne s’applique qu’aux rebelles « modérés ». Ainsi, les groupes terroristes dont l’Etat Islamique et le Front Fateh al-Cham (ex El Front Al-Nosra) en sont exclus.

 

Une trêve fragile…

Deux jours après son entrée en vigueur, force est de constater que la trêve est particulièrement fragile. Quelques incidents ont été ainsi signalés de part et d’autre. Dès mardi, Moscou a dénoncé 23 violations du cessez-le-feu par les rebelles « sur des quartiers résidentiels et les positions des forces gouvernementales ». Jusque-là, il ne s’agit que d’incidents mineurs comme les tirs de roquette, rapportés par la télévision syrienne, à Alep. De son côté, l’OSDH, qui dispose d’un large réseau sur le terrain, a rapporté des frappes menées par les forces gouvernementales dans des secteurs contrôlés par les rebelles à Alep, à Hama et près de Damas. Fort heureusement, aucune de ces attaques n’a fait de victimes et la trêve est maintenue.

Mais si les armes se taisent, un point primordial de l’accord reste toujours en suspens. En effet, l’accès à l’aide humanitaire aux zones assiégées n’a pas encore été validé. David Swanson, porte-parole du Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha), a d’ailleurs déclaré à l’AFP : « Sur la base de ce que nous avons entendu sur le terrain, il est très peu probable que cela se produise aujourd’hui ». Le calvaire de plusieurs milliers de civils bloqués dans les zones assiégées, majoritairement par le régime, est donc loin d’être terminé. En tout cas, 20 camions transportant de la nourriture pour 40.000 personnes sont actuellement stationnés près de la frontière turque et n’attendent que le « feu vert » pour bouger a indiqué M. Swanson.