Accueil des réfugiés : les pays riches en queue de peloton

L’accueil des réfugiés reste un sujet particulièrement délicat surtout pour les pays riches. Le mardi 4 octobre dernier, Amnesty international a pointé du doigt leur égoïsme face à cette crise qui persiste et qui devient de plus en plus inquiétante.

 

Un déséquilibre au niveau de l’accueil des réfugiés

La crise migratoire persiste et elle s’aggrave même. Pour Amnesty International, les pays riches sont en grande partie responsables de cette situation. Pour cause ? Ils « font preuve d’une totale absence de volonté politique et de responsabilité » dénonce l’organisation. Un manque de volonté qui se mesure par le nombre de migrants qu’ils ont accueillis par rapport aux autres pays. Selon Amnesty, plus de 56% des réfugiés à travers le monde ont été accueillis par dix pays dont le PIB total représente moins de 25% du PIB mondial. Principaux « pays voisins des zones de conflit », ils sont « contraints d’accueillir la grande majorité des réfugiés » a souligné le rapport.

En tête du classement, la Jordanie a accueilli plus de 2,7 millions de réfugiés majoritairement syriens et afghans. La Turquie, le Pakistan et le Liban la suivent de près en hébergeant, respectivement, plus de 2,5 millions, 1,6 million et 1,5 million de réfugiés. Ensuite vient l’Iran qui recense sur son territoire près de 979.400 réfugiés. Enfin, plusieurs pays africains, qui figurent parmi les plus pauvres, viennent compléter la liste : l’Ethiopie (736.000), le Kenya (554.000), l’Ouganda (477.000), la République démocratique de Congo (383.100) et le Tchad (369.500)…

Comparés à eux, les pays riches sont en queue de peloton. C’est le cas, par exemple, du Royaume-Uni qui a accueilli moins de 8.000 syriens depuis 2011 alors que son PIB est largement supérieur à celui de la Jordanie. Si l’Union européenne a accueilli plus d’un million de réfugiés en 2015, elle préfère aujourd’hui fermer ses portes et dresser des barrières. Parmi ces barrières, l’accord qu’elle a signé avec la Turquie, qui stipule le renvoi des personnes entrées illégalement en Grèce depuis le mois de mars dernier, a été fortement critiqué par les ONG.

Amnesty demande des « critères objectifs »

C’est donc clair : « les pays riches ne veulent pas de réfugiés sur leur territoire ». Et, « cette situation est par nature intenable et expose les millions de personnes qui fuient la guerre et les persécutions à une misère et des souffrances intolérables » déplore Amnesty. En effet, en étant eux-mêmes pauvres et parfois en proie à un conflit aussi, les pays principaux d’accueil n’arrivent pas à assurer un accueil digne aux réfugiés. En Afrique subsaharienne, qui abrite 4,41 millions de réfugiés, les camps sont souvent surpeuplés, insalubres, non-sécurisés. Au Liban, près de 70,5% des réfugiés syriens vivent sous le seuil de pauvreté. Selon Mireille Girard, représentante de l’UNHCR au Liban : « les réfugiés syriens au Liban sont toujours pris au piège de la dette, tout en restant très dépendants de l’aide humanitaire ».

Pour remédier à ce déséquilibre, Amnesty réclame « un réel partage de responsabilités ». Un partage qui devrait prendre en compte plusieurs critères dont la richesse d’un pays, sa population, le taux de chômage… En outre, l’organisation demande aussi la mise en place d’un « nouveau mécanisme de réinstallation des réfugiés vulnérables ou dans des situations critiques ». En tout, il existe un million de réfugiés considérés par le Haut-Commissariat des réfugiés comme étant vulnérables à travers le monde et doivent « être réinstallé dans un autre pays ».

Cela dit, même si Amnesty se montre très dure envers les pays riches, elle reconnaît tout de même les efforts de quelques-uns d’entre eux. Ainsi, elle a salué la promesse des pays participants, au sommet des chefs d’Etat qui s’est tenu à New-York le 19 septembre dernier, d’accueillir 360.000 réfugiés d’ici 2017. Certes, il ne s’agit encore que des promesses mais les engagements financiers ont déjà été mis à jour avec une hausse de 4,5 milliards de dollars.