Alep : le début de la fin ?

Au cours de ces derniers jours, les affrontements se sont intensifiés à Alep-Est. Alors que les rebelles cèdent de plus en plus de terrain face à l’offensive des forces progouvernementales, l’ONU s’alarme sur le sort des civils toujours bloqués dans la ville.

 

L’armée syrienne gagne du terrain

Les événements se sont accélérés au cours de ces derniers jours à Alep de l’Est. En effet, les rebelles cèdent petit à petit du terrain après avoir résisté à quatre années de siège imposé par le régime.  Le samedi 26 novembre, les troupes progouvernementales ont repris le contrôle du quartier de Hanano. Situé en bordure nord-est de la partie orientale d’Alep, c’est le premier quartier occupé par la rébellion en 2012. Le conquérir représente donc une avancée majeure pour l’armée syrienne et un début de défaite pour les rebelles.

Et cette défaite se dessine au fur et à mesure que le temps passe. Le dimanche 27 novembre, l’armée a réussi à conquérir cinq quartiers adjacents : Inzarat, Al-Sakan, Aïn Al-Tall, Al-Chababi, Jabal Badro et Baadine. Le lendemain, lundi 28 novembre, elle s’est emparée de deux quartiers clés (Sakhour et Al-Qadisiyah),  ce qui permet au régime de diviser la partie Est d’Alep en deux. En tout, les rebelles ont perdu au moins 40% de leur territoire depuis samedi dernier.

Pour Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), cette « avancée rapide de l’armée est due à sa stratégie d’attaque contre Alep-Est sur plusieurs fronts, affaiblissant les rebelles ». A ceci s’ajoute la grande puissance de feu du régime syrien et de ses alliés : artillerie, lance-roquettes, avions militaires. Pour chaque attaque, un déluge de feu s’abat d’abord sur les zones ciblées avant l’entrée en scène de l’infanterie dont les éléments sont dispersés sur plusieurs axes. Au même moment, des opérations de diversions sont lancées pour répartir les rebelles.

 

Réunion d’urgence

Mais au milieu de ces violents affrontements, les civils sont les premiers à en subir les conséquences. Depuis le 15 novembre, au moins 225 d’entre eux ont perdu leur vie dont 27 enfants selon l’OSDH. Et ces chiffres vont considérablement augmenter car à part les bombardements à l’aveugle, les civils doivent aussi faire face à la famine. Dans une déclaration écrite, publiée le 29 novembre, Stephen O’brien, responsable des opérations humanitaires de l’ONU, a souligné : « les stocks alimentaires sont pratiquement épuisés ». Par ailleurs, ils sont aussi privés de soins car toutes les structures médicales ont été, sans exception, détruites.

Le sort des civils est donc plus que préoccupant. Fort-heureusement, près de 16.000 d’entre eux ont réussi à fuir Alep-Est depuis samedi soir. Parmi eux, au moins 6.000 ont rejoint le quartier de Cheik Maqsoud, contrôlé par les forces kurdes, et le reste a trouvé refuge à Alep de l’Ouest, tenue par les troupes gouvernementales. Il s’agit du « premier exode de ce genre » en quatre ans dans cette zone martyrisée souligne R. A. Rahmane. Preuve que le temps est compté pour Alep de l’Est.

Face à cette situation « alarmante et effrayante », Jean-Marc Ayrault, ministre français des affaires étrangères, a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. « Plus que jamais, il y a urgence à mettre en œuvre une cessation des hostilités et à permettre un accès sans entrave de l’aide humanitaire » a-t-il estimé. En tout cas, des consultations sur le dossier syrien étaient déjà prévues en ce jour au sein du Conseil.