Assiégée, Alep craint la famine

Toujours inaccessible, les rations alimentaires s’épuisent à grande vitesse à Alep de l’Est. Face à l’urgence, l’Onu sonne l’alarme et réclame une autorisation d’accès humanitaire pour éviter la famine des 250.000 habitants de la ville.

 

Besoin urgent d’aide humanitaire

L’étau s’est refermé sur Alep depuis juillet dernier quand les forces progouvernementales ont coupé la route de Castello, le seul axe de ravitaillement de la ville. Depuis, ses quelques 250.000 à 300.000 habitants vivent dans des conditions déplorables. En effet, les denrées alimentaires se font de plus en plus rares et les quelques produits toujours disponibles sont hors de prix. En outre, l’aide humanitaire n’arrive toujours pas à accéder à la ville, ce qui accentue le calvaire des aleppins.

Et leur situation risque de se dégrader davantage car les rations alimentaires seront épuisées d’ici la semaine prochaine. Le jeudi 10 novembre dernier, Jan Egeland, conseiller pour les affaires humanitaires de l’ONU, a déploré lors d’une conférence de presse à Genève : « Les dernières rations alimentaires sont en train d’être distribuées à Alep-Est ». Si l’acheminement ne reprend pas rapidement, « les conséquences (…) seront catastrophiques que je ne peux même pas imaginer ce scénario » a-t-il affirmé. Par ailleurs, 300 malades et blessés nécessitent aujourd’hui une évacuation d’urgence.

La situation est donc plus que catastrophique et les Nations Unies appellent les belligérants à faire preuve d’humanité. Dans un plan à quatre points, envoyé quelques jours plus tôt, l’organisation réclame l’acheminement d’une aide médicale, d’une assistance humanitaire, l’évacuation des plus vulnérables et l’autorisation d’une équipe médicale à venir en aide aux habitants de la ville.

 

Une difficile négociation

Et la réponse russe ne s’est pas fait attendre. Sans surprise, la demande lancée par l’ONU a été refusée par Moscou jugeant qu’elle était « contre-productive ». Dans un communiqué publié le jeudi 10 novembre, le ministère russe de la Défense a ainsi expliqué : « Des pauses humanitaires sont sans doute nécessaires. Mais nous jugeons contre-productif et contraire au bon sens de les rendre plus longues juste comme ça, non pas pour apporter de l’aide réelle aux civils mais pour permettre aux terroristes de renforcer leur capacité de combat ».

Il souligne d’ailleurs qu’au cours de ces derniers mois, la Russie a livré plus de 100.000 tonnes d’aide humanitaire dans la ville assiégée « indépendamment de toute pause humanitaire ». A noter que plusieurs trêves humanitaires sont entrées en vigueur à Alep au cours de ces derniers mois. Mais par manque de « garanties de sécurité » ou à cause de leur courte durée, les associations humanitaires ne pouvaient ni acheminer de l’aide, ni évacuer les blessés. Et à en croire ce communiqué, la situation ne risque pas de s’améliorer de sitôt.

Toutefois, Sergueï Riabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a précisé que l’arrêt des bombardements, observé depuis le 18 octobre dernier, sera maintenu à Alep. A une seule condition, que « les rebelles ne passent pas à l’offensive » a-t-il souligné.