Alep : la trêve n’aura été qu’un mirage !

Après un mois de violents affrontements, les belligérants ont trouvé un accord stipulant l’évacuation des habitants d’Alep. Prévue ce mercredi 14 décembre, l’opération ne pourrait finalement débuter qu’à partir de demain. En attendant, un cessez-le-feu a été décrété mais à peine entrée en vigueur, il a volé en éclat !

 

Alep-Est : le sort des civils est toujours incertain

Alep-Est : le sort des civils est toujours incertain

 

Alep : une impossible trêve

Alors que l’armée syrienne et ses alliés se préparaient à lancer le dernier assaut sur Alep-Est, un accord a été trouvé entre la Turquie et la Russie dans la nuit du mardi 13 décembre. Celui-ci prévoit un cessez-le-feu pour permettre aux civils et aux rebelles de quitter les lieux en sécurité. Dès son entrée en vigueur, les forces progouvernementales ont alors suspendu les bombardements et les raids aériens. Une toute première depuis le 15 novembre dernier, début de l’offensive sur la capitale de la révolte.

De leurs côtés, les habitants de la ville se préparaient à l’évacuation. Dès l’aube, ce mercredi 14 décembre, ils attendaient avec impatience le lancement de l’opération dans les rues d’Alep. Mais leur espoir fanait au fur et à mesure que les heures passaient. La télévision libanaise Al-Manar a même diffusé, vers 8h (heure locale) des images d’une vingtaine de bus verts qui stationnaient depuis la veille dans le quartier de  Salahedinne (divisé entre régime et rebelles) en train de regagner leur dépôt.

En clair, l’opération d’évacuation a donc été annulée. Et pour cause, les combats ont repris comme s’ils n’avaient jamais cessé. Présent sur les lieux, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a rapporté : « 14 obus tirés par les troupes du régime sur le carré tenu par les rebelles », ce matin. De son côté, Moscou se justifie dans un communiqué et indique que des rebelles « ont profité de la trêve  pour se regrouper » dans le but de « franchir les positions des troupes syriennes dans le nord-ouest d’Alep ».

 

Quelle issue pour les civils ?

Le cessez-le-feu est donc parti en éclat tout comme l’espoir de survie des habitants toujours bloqués dans la ville. Pourtant, ils sont plus de 100.000 à s’entasser dans un territoire de 5 kilomètres carrés a souligné Dr Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde. S’ils ne seront pas tués par les bombardements, la famine et le froid finiront par les emporter. Si la situation n’évolue donc pas rapidement, Alep-Est se transformera en un « gigantesque cimetière » comme Stephen O’brien, responsable des actions humanitaires de l’ONU a déjà prévenu, quelques semaines plus tôt.

Devenu acteur majeur du dossier syrien, Recep Tayyip Erdogan, a assuré qu’il allait appeler son homologue russe, Vladimir Poutine afin de sauver la trêve, lors d’un discours télévisé. Par la même occasion, le président turc a fustigé l’ONU pour son impuissance face à cette crise humanitaire désastreuse en Syrie. « Hé, les Nations Unies ! Où êtes-vous ? » a-t-il lancé. Enfin, il a annoncé que son pays est « prêt » à accueillir les habitants fuyant Alep en précisant qu’un camp pouvant accueillir 80.000 personnes les attend.

Au cours de ces quatre dernières semaines, l’offensive menée par Damas et ses alliés à Alep-Est a coûté la vie à plus de 463 civils selon l’OSDH. Pendant le même laps de temps, les tirs rebelles ont fait 130 civils dans la partie occidentale contrôlée par le régime. En tout, la guerre en Syrie a fait près de 300.000 morts et plus de deux millions d’autres blessés selon toujours l’organisation. Parmi eux, 90.506 civils dont 10504 femmes et 15.948 jeunes âgés de moins de 18 ans.