Le drame des déplacés et migrants au Niger

Face à l’insurrection sanglante menée par Boko Haram, plusieurs milliers de nigériens ont décidé de fuir leur foyer pour survivre. Mais la fuite est loin d’être la meilleure solution et même ceux qui ont réussi à atteindre les camps ne sont pas entièrement en sécurité.  

 

Un désert dangereux

Le mercredi 15 juin dernier, une découverte macabre dans le désert nigérien a choqué plus d’un. En effet, les autorités locales ont trouvé trente-quatre corps sans vie de migrants dont cinq hommes, neuf femmes et vingt enfants. D’après les informations, ces migrants auraient tenté de rejoindre l’Algérie qui est actuellement l’un des pays les plus prisés des migrants venant de l’Afrique subsaharienne. « Ils sont probablement morts de soif, comme c’est souvent le cas, et ils ont été retrouvés près d’Assamaka » a confié une source sécuritaire à l’AFP.

Dans un communiqué, le ministère nigérien de l’intérieur a expliqué que ces migrants « ont été abandonnés par des passeurs au cours de la semaine du 6 au 12 juin ». Ce genre de situation est particulièrement fréquent dans cette zone puisque l’Algérie partage une frontière avec le Mali et le Niger. Et près de 60% des migrants ayant débarqué en Libye ont tous passé par le Niger qui est un « pivot » dans la route migratoire.

Chaque année, des milliers de migrants entrent illégalement en Algérie. Pourtant, cet itinéraire est particulièrement dangereux puisque les réseaux criminels y sont très actifs. Et même si les migrants atteignaient leur destination, les autorités algériennes sont strictes avec les sans-papiers. En 2015, plus de 7.000 nigériens en situation irrégulière ont été renvoyés dans leur pays d’origine en vertu d’un accord qui a été signé entre l’Alger et le Niamey.

 

Un camp attaqué

Mais la situation est loin d’être paisible pour ceux qui ont décidé de rejoindre les camps de déplacés. D’ailleurs, pas plus tard que le jeudi 16 juin dernier, le camp de Nguagam a été victime d’une attaque orchestrée par le groupe terroriste Boko Haram. Cette attaque survient quelques heures à peine après le passage d’une délégation ministérielle qui était venue distribuer des colis alimentaires aux déplacés parmi lesquels figurent ceux qui ont fui Bosso suite à la meurtrière attaque de Boko Haram dans cette localité. A l’heure actuelle, aucun bilan n’a encore été publié concernant cette attaque.

D’après les témoignages, quelques membres de Boko Haram ont réussi à s’infiltrer dans le camp pour mener une opération de surveillance. Une source locale estime que « Boko Haram voulait probablement montrer aux autorités qu’il était encore présent malgré le déploiement de forces dans la région » avec cette attaque.

En tout cas, cette nouvelle attaque démontre l’urgence d’un plan d’attaque pour lutter contre le terrorisme. En rappel, le Niger en coordination avec le Tchad, le Nigeria et le Cameroun cherche à mettre en place un « plan de bataille » contre Boko Haram. Environ 2.000 soldats tchadiens lourdement armés devront porter renfort à l’armée nigérienne.