Évacuation des migrants : les associations passent à l’offensive

Il ne se passe pas une seule semaine sans qu’un campement de fortune ne soit évacué sur Paris. Indignée face à la multiplication de ces interventions, parfois musclées, plusieurs associations ont décidé de sonner l’alarme.

 

Suspension des maraudes

Les campements de fortune ne cessent de se former sur Paris. Pour éviter leur réformation, les autorités parisiennes ont décidé de multiplier les opérations d’évacuation. En un an, la ville a mené pas moins de trente interventions. Une attitude qui déplaît particulièrement aux associations d’aide aux migrants qui voient en ces interventions une « politique de dissuasion ».

En guise de protestation, Emmaüs solidarité a annoncé l’arrêt temporaire de ses maraudes. Avec cette nouvelle politique, « on perd complètement le sens de notre travail » a déploré Aurélie El Hassak-Marzorati, directrice de l’association. Ralliant à la cause, France Terre d’asile envisage aussi de suspendre cette activité. « On ne peut pas donner des informations sur l’asile à une personne et une heure après la voir embarquée par la police » a expliqué Pierre Henry, le directeur général. D’ailleurs, « un certain nombre de migrants considèrent que nos travailleurs sociaux sont des policiers en civil » a-t-il ajouté.

Pour sortir de cette impasse, les deux associations demandent « à ce que tout le monde se remette autour d’une table et clarifie son mode d’intervention ». Une phase primordiale puisque ces interventions ne vont pas « du tout dans le sens de l’ouverture du centre humanitaire » prévu par Anne Hidalgo.

 

Lettre ouverte

Pour obtenir « l’arrêt d’urgence » de ces évacuations, douze associations ont adressé une lettre ouverte à Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur et Emmanuelle Cosse, ministre du logement. Une lettre dans laquelle la FNARS, le Secours Catholique, France Terre d’Asile, la Cimade, Médecins du Monde, Secours Islamique, l’UNICEF, Salam NPDC, Auberge des migrants, la Croix Rouge Française, la Fondation Abbé Pierre et Emmaüs France, ont souligné : « l’unique conséquence de ces pratiques est de fragiliser encore davantage les exilés vivant à la rue dans l’attente de pouvoir demander l’asile ».

Par ailleurs, elles ont aussi pointé du doigt les « structures inadaptées » proposées par l’Etat. Il est à noter que la majorité des migrants sont orientés vers des hôtels ou des gymnases par faute de places dans les centres d’accueil. Pour améliorer la situation, ces associations proposent « l’ouverture de sites d’accueil temporaires humanitaires dans plusieurs métropoles afin d’éviter la saturation prévisible du site parisien » en complément aux 3.000 places supplémentaires prévus en septembre dans les centres d’accueil et d’orientation (CAO) .