Famine perpétuelle à Madagascar : la FAO préoccupée

Tout comme dans plusieurs pays du monde, les effets du phénomène El niño sont à l’origine de famine et d’insécurité alimentaire à grande échelle à Madagascar. Le directeur de la FAO a récemment tiré la sonnette d’alarme à ce propos dans un article intitulé « Madagascar : nous pouvons éviter la famine si nous prenons des mesures préventives ».

Le réchauffement climatique amplifie le danger

Depuis plusieurs années, les habitants de la partie Sud de Madagascar sont fréquemment frappés par le « kere » ou famine. Suite au phénomène El niño, les menaces s’agrandissent. Les pluies qui, en effet, se faisaient rare ont laissé la pire sécheresse depuis 35 ans s’installer dans 7 régions du sud de la Grande-île. Les conséquences de ce fléau sur les récoltes agricoles sont considérables  avec 95 % de baisse de production enregistrée. C’est une perte colossale étant donné que le pouvoir d’achat des familles est faible et la majorité de la population de ces régions dépend de l’agriculture pour assurer leur survie. Les fruits de cactus sont ainsi devenus la seule nourriture disponible pour ces gens ne trouvant rien d’autre à manger.

Il y a quelques jours, le directeur de la FAO José Graziano da Silva a fait savoir que 1,4 million de personnes sont frappées par l’insécurité alimentaire à Madagascar (soit 300 000 de plus qu’en juin 2016). 600 000 parmi elles sont  touchées par une « insécurité alimentaire grave, placée au niveau des dernières étapes qui précèdent le stade de famine ». Pire : ces chiffres risquent de s’accroître rapidement car les scientifiques ont récemment affirmé que le phénomène El Niña, inverse d’El Niño, se profile également à l’horizon. « Pour Madagascar, El Niña pourrait avoir de sérieuses conséquences, comme celle d’une hausse de l’intensité des cyclones et des tempêtes tropicales, qui auraient pour effet d’aggraver l’insécurité alimentaire chez les populations rurales du pays dont la capacité à faire face aux chocs climatiques est déjà fragile. » explique José Graziano Da Silva.

« Nous devons agir immédiatement »

Craignant que l’affreux scénario en Somalie en 2011 se reproduise (la famine y a causé une perte en vie humaine de l’ordre de 200 000), le directeur de la FAO a essayé de capter l’attention des médias sur cette situation qui se dégrade dans le plus grand silence. Un appel à une urgente mobilisation au sein de la communauté internationale a été lancé : « Nous avons besoin de deux choses de manière urgente pour le moment : de la volonté politique pour prendre des décisions, du soutien de la communauté internationale et d’une mobilisation des ressources. »explique le Directeur de la FAO.

Le maximum d’aides humanitaires d’urgences doivent être mobilisées et redirigées vers les régions nécessiteuses dans les plus brefs délais afin d’assister les victimes dans un premier temps. Cependant, José Grazianoda Silva fait remarquer l’insuffisance de ces interventions à court terme. Il incite donc à  promouvoir le développement local en employant la stratégie « faim zéro ». Cette dernière consiste à faciliter l’accès aux fonds afin d’épauler les agriculteurs locaux en leur permettant d’obtenir des semences, de l’engrais, des matériels d’irrigation et de soutenir ainsi la production locale. Une délégation de la FAO et du PAM est en entrain de parcourir le Sud de Madagascar en ce moment dans le but d’examiner de près les problématiques et élaborer les stratégies adéquates.

Une course contre la montre est lancée afin «d’éviter des centaines des milliers de morts car les effets de La Niña pourrait se faire sentir dès octobre ».