Grèce : la tension monte!

Depuis l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie, la tension est plus que jamais tendue en Grèce et des incidents se sont multipliés. Pour éviter les débordements, Athènes a décidé de suspendre temporairement les renvois. 

 

Tension du côté d’Idomeni

La tension est particulièrement tendue du côté du camp d’Idomeni près de la frontière macédonienne. En effet, une violente altercation a eu lieu entre les autorités macédoniennes et les migrants dans la journée du dimanche 10 avril dernier.

En début de matinée, les migrants ont entamé une manifestation pacifique tout au long de la frontière mais désespérés, ils ont fini par tenter de forcer le passage et ont lancé des pierres sur les policiers macédoniens. Rapidement, ces derniers ont répondu par des jets de gaz lacrymogènes et des tirs à balles en plastiques pour disperser la foule.

Selon Achilleas Tzemos, une responsable au sein de Médecins sans frontière : « Environ 300 personnes ont été blessées, dont 200 ont été secourues par notre unité spéciale pour des problèmes respiratoires, 30 pour des blessures provenant des balles en plastique et 30 pour d’autres blessures. »

En rappel, plus de 11.000 migrants vivent dans ce camp situé à quelques pas de la frontière macédonienne depuis le mois de mars après la fermeture de la route des Balkans. Les conditions y sont plus que catastrophiques et chaque jour, des milliers de migrants se manifestent et réclament l’ouverture de la frontière.

 

Suspension temporaire des renvois

Suite à ces échauffourées du dimanche dernier, la tension entre la Grèce et la Macédoine est devenue de plus en plus tendue. D’une part, Athènes reproche « l’usage excessif de la violence » par les autorités macédoniennes contre les migrants. Ces altercations ont créé « une situation très difficile en territoire grec » a déclaré Giorgos Kyritsis, le porte-parole du service de coordination de la crise migratoire. De l’autre côté, Skopje dénonce la « passivité » des forces de l’ordre grecque qui « n’ont pas essayé d’intervenir pour mettre un terme aux incidents » a-t-il accusé.

La situation s’est depuis calmée au camp d’Idomeni même si les incidents se sont multipliés. «Les incidents se multiplient entre réfugiés, et entre réfugiés et forces de l’ordre. Les gens sont à bout ! » souligne Emmanuel Massart de Médecins sans frontières. Et pourtant, la grande majorité d’entre eux refusent de quitter les lieux pour rejoindre les autres camps aménagés.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement grec veut vider ce camp ainsi que celui qui est situé au port du Pirée avant le 1er mai, fêtes de la Pâque orthodoxe. Un ultimatum a ainsi été imposé, les migrants ont jusqu’au 21 avril prochain pour quitter les lieux de leur plein gré sinon les autorités locales devront recourir à la force.

Par ailleurs, Athènes estime que l’accord UE-Turquie n’est pas encore opérationnel. En effet, les experts européens qui devaient prêter main forte aux autorités grecques ne sont toujours pas arrivés. Les renvois qui ont été effectués le lundi 04 avril et le vendredi 8 avril étaient « au titre de l’accord bilatéral Turquie et Grèce » expliquait Eva Cossé de Human Rights Watch en Grèce. De ce fait, Athènes a décidé de suspendre les renvois pour au moins deux semaines.