Hongrie maintient sa campagne anti-migrants

Fidèle à son image de conservatrice, la Hongrie vient de renforcer sa campagne anti-migrants, laissant la Serbie seule face à la crise qui persiste même si le nombre d’entrées a considérablement diminué par rapport à l’année 2015. Une situation qui risque de créer de nouvelles tensions dans l’UE après le Brexit.

 

Budapest défie l’UE avec un référendum

Depuis le début de la crise migratoire, la Hongrie s’est montrée particulièrement réticente concernant l’accueil des migrants. D’ailleurs avec ses voisins membres du groupe Visegrad, le pays a décidé d’imposer des règles restrictives au niveau de ses frontières et a même fini par les fermer complètement. Aujourd’hui, c’est sur le plan de répartition envisagé par l’Union européenne que le pays veut s’opposer.

En rappel, les membres de l’UE se sont convenus, en septembre 2015, de reloger 160.000 demandeurs d’asile dont 2.000 pour la Hongrie. Pour Budapest, il s’agit d’une « violation de sa souveraineté » et le pays compte bien se battre pour garder le contrôle. Ainsi, le mardi 5 juillet dernier, Viktor Orban a confirmé la tenue d’un référendum dans son pays pour voter oui ou non contre ce plan. Le 02 octobre prochain, les quelques huit millions d’hongrois devront donc exprimer leur réponse en guise de vote face à la question : « Voulez-vous que l’Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non hongrois en Hongrie sans l’approbation du Parlement hongrois ? »

Un référendum de trop pour une UE qui peine encore à se relever du choc causé par le Brexit. Malheureusement, l’union n’a aucun pouvoir pour empêcher la tenue de ce référendum et se contente de rappeler que le plan de relocalisation est « un processus de décision sur lequel se sont accordés tous les Etats membres ». En d’autres termes, ce plan est donc juridiquement obligatoire mais le président conservatoire compte bien maintenir sa campagne anti-migratoire jusqu’au bout.

 

La Serbie se retrouve seule face à la crise

Par ailleurs, la Hongrie compte renforcer sa frontière avec la Serbie en déployant 10.000 policiers. Selon Budapest, plus de 17.000 migrants, en provenance de Belgrade, ont franchi son territoire, depuis le début de cette année. Pour stopper les entrées illégales, une nouvelle loi est entrée en vigueur en Hongrie, depuis le mardi 5 juillet dernier, autorisant le renvoi des migrants arrêtés dans un rayon de huit kilomètres sur son territoire vers la Serbie.

Une décision qui déplait particulièrement à Budapest qui se retrouve maintenant seul face à la crise migratoire. Il est à noter que la Croatie a récemment érigé une clôture métallique à Batina où elle partage une frontière naturelle avec la Serbie. Devant les médias, Aleksandar Vuli, ministre serbe du travail a réclamé « la convocation d’urgence d’une réunion des services de sécurité afin que soient examinés les moyens de protéger notre territoire tenant compte du comportement de nos voisins ».

Mais malgré la fermeture des frontières, quelques migrants arrivent toujours à se frayer un chemin pour entrer en Serbie. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies (HCR), quelques centaines de migrants entrent quotidiennement à Belgrade dont près d’un millier se trouvent aujourd’hui près de la frontière avec la Hongrie et 650 dans le centre d’accueil du pays pendant que le reste continue leur voyage vers l’Europe occidentale.