Reprise de Mossoul : le lourd tribut payé par les enfants

Donatella Rovera tire la sonnette d’alarme sur le sort des enfants affectés par la reprise de Mossoul. Cet humanitaire d’Amnesty International regrette surtout l’immobilisme de la communauté internationale, malgré l’ampleur des désastres.

 

Irak : le calvaire des enfants pris au piège dans la bataille de Mossoul

Irak : le calvaire des enfants pris au piège dans la bataille de Mossoul

 

Dans l’enfer de Mossoul

Des proches tués, des voisins décapités, des morceaux de corps humain par terre… autant d’atrocités, caractéristiques d’une guerre, auxquelles sont confrontés les enfants de Mossoul. Rien d’étonnant si certains d’entre eux sont par la suite sujets au traumatisme, les faisant pleurer de façon excessive ou se donner des coups à ne plus en finir. D’autres deviennent mutiques et se montrent violents.

Les enfants blessés sont admis dans des hôpitaux bondés, ou transférés dans des centres d’accueil, ou plus précisément des camps pour personnes déplacées. Là, ils sont confrontés à des conditions humanitaires déplorables. Des conditions loin d’être favorables à leur rétablissement psychologique, d’autant que la psychothérapie y figure parmi les grandes absentes.

Enfin, ceux qui ont eu « plus de chance » sont obligés d’assurer des corvées (aller chercher de l’eau, laver le linge, faire la cuisine…), ce qui les prive de leurs droits fondamentaux comme jouer, étudier…

 

Une communauté internationale complètement impuissante

Dans les centres d’accueil de personnes déplacées, les associations humanitaires tentent tant bien que mal d’assurer des services d’ordre psychosocial. Leur capacité limitée leur incite pourtant à faire un avœu d’impuissance, notamment au vu du nombre d’enfants affectés par la guerre.

De leur côté, les autorités irakiennes et leurs alliés n’annoncent, du moins pour l’heure, aucune mesure visant à mettre en place des services médicaux pour accueillir les blessés. A croire que leur priorité pour l’instant est de seulement chasser les djihadistes, puis d’assurer l’« après-Mossoul ». Donatella Rovera déplore surtout le fait que l’on puisse trouver des fonds pour préparer la reprise de la ville, mais aucun pour prendre en charge les victimes collatérales, dont les enfants.

La communauté internationale se contente pour l’instant de déplorer et de condamner le désastre humanitaire. A croire que le cas de Mossoul n’est pas aussi urgent que celui d’Alep, où une résolution a enfin été adoptée à l’unanimité par les 15 pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, le lundi 19 décembre dernier.