Syrie : la levée des sièges exigée par l’ONU

Sous la pression médiatique, Bachar Al Assad a finalement permis l’accès à l’aide humanitaire dans la ville de Madaya. Malgré cette ouverture, la situation reste critique et l’ONU réclame la levée immédiate du siège.  

 

Madaya : une ville en détresse

Assiégée depuis le mois de juillet 2015 par l’armée du régime, la ville de Madaya était, depuis le mois d’octobre (date du dernier convoi), privée de l’aide humanitaire. Les conditions de vie des habitants étaient critiques : ils manquaient de nourriture, les prix des aliments de base ont quadruplé et ils ne bénéficiaient d’aucun soin.

Face à cette situation catastrophique, des ONG dont principalement l’ONU ont sonné l’alarme. Sous pression, Bachar finit par donner son accord le jeudi 07 janvier, à l’ONU et au CICR pour qu’ils puissent apporter de l’aide aux habitants de la ville.

Les premiers convois ont finalement pu entrer dans la ville le lundi 11 janvier, transportant de la nourriture, des couvertures et des médicaments pour les 40.000 habitants.  Un nouveau convoi est ensuite arrivé dans la journée du jeudi 14 janvier.

 

« Les sièges doivent être levés ! »

Bien que cette ouverture soit déjà un grand pas, les habitants de Madaya ainsi que ceux des autres villes assiégées ne sont pas encore au bout de leur peine.

Selon l’ONU, près de 400.000 syriens vivent actuellement dans des villes assiégées soit par les forces du régime, soit par les rebelles. En tout, près de 4,5 millions de personnes à travers le pays vivent dans des zones difficiles d’accès.

Face à ces chiffres alarmants, une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité s’est tenue le vendredi 15 janvier. Chacun à son tour, les 15 ambassadeurs présents à la réunion ont exprimé leur dégoût et leur indignation devant les images montrant des femmes, des hommes et des enfants souffrant de famine à Madaya.

A l’issu de cette réunion, l’ONU a exigé « la levée immédiate des sièges ». Pour l’organisation, c’est le seul moyen possible pour améliorer les conditions de vie de ces personnes, qui ont déjà été fatiguées et affaiblies par quatre ans et demi de guerre.

 

Le gouvernement pointé du doigt

Mais la concrétisation de cette demande ne sera certainement pas immédiate, surtout quand on apprend que parmi les 91 demandes de convois humanitaires pour les villes assiégées envoyées par l’ONU, seulement 13 ont été acceptées. Pour l’organisation, le gouvernement est entièrement « responsable de cette situation ».

En outre, Ban Ki-Moon a souligné  « utiliser la famine comme arme de guerre est un crime de guerre », et face à un tel cas, le Conseil de Sécurité peut saisir la Cour Pénale internationale de crimes de guerre en Syrie.

Mais de l’autre côté, la Russie tout comme la Chine n’ont jamais caché leur soutien en faveur du régime de Bachar et ils pourraient ainsi bloquer ce genre d’initiative.

A une semaine des pourparlers de paix, prévus le 25 janvier prochain, l’atmosphère est plus que jamais tendue.