Accueil des réfugiés : l’impuissance de l’UE face à la Hongrie

« Inhumain », c’est ainsi qu’Amnesty International décrit le traitement infligé aux demandeurs d’asile en Hongrie. Dans son rapport intitulé « Stranded hope : Hungary’s sustained attack on the rights of refugees and migrants », publié le lundi 26 septembre dernier, l’organisation de défense des droits de l’homme fustige la politique anti-migrants de Budapest et réclame des mesures de la part de l’UE.

 

Hongrie et sa politique hostile envers les migrants

Depuis le début de la crise migratoire, la Hongrie est ouvertement hostile à l’accueil des réfugiés. Ainsi, depuis l’été 2015, les mesures visant à dissuader les migrants à entrer sur le territoire se sont succédé. D’abord, le pays a imposé des règles restrictives et des procédures compliquées pour limiter les demandes d’asile. Ensuite, les autorités locales ont eu l’ordre d’ériger des murs barbelés au niveau des frontières avant d’entamer leur fermeture complète.

Avec toutes ces mesures, peu de migrants ont pu pénétrer en Hongrie. D’ailleurs, les rares qui y sont arrivés ont été rapidement placés en centre de détention avant d’être renvoyés vers le premier pays où ils sont entrés. Une situation qui irrite particulièrement les pays nordiques. Ainsi, le 9 septembre dernier, le Danemark, la Finlande, l’Islande et la Suède ont demandé à la Commission européenne de prendre « les mesures nécessaires » pour forcer le pays à « reprendre des demandeurs d’asile enregistrés pour la première fois sur son territoire ». De son côté, l’Autriche menace même de porter plainte auprès de la justice européenne si la Hongrie ne change pas rapidement d’attitudes.

Mais ces plaintes ne semblent pas suffisantes pour raisonner Viktor Orban. D’ailleurs, le premier ministre conservateur va même à défier l’UE en remettant en question le plan de relocalisation conclut par ses pays membres en septembre 2015. A ses yeux, ce plan est une « violation de la souveraineté » de son pays. Une souveraineté qu’il compte réaffirmer grâce au référendum prévu pour le 2 octobre prochain. Les quelques huit millions d’hongrois seront donc invités à répondre sous forme de vote la question : « Voulez-vous que l’Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non hongrois en Hongrie sans l’approbation du Parlement hongrois ? »

 

De nouvelles accusations

A quelques jours de ce référendum controversé, Amnesty International réclame des mesures de la part de l’UE. Pour ce faire, l’organisation de défense des droits de l’homme a publié un rapport dénonçant le « sort épouvantable » réservé aux demandeurs d’asile dans ce pays. Et le résultat est sans appel : Les autorités locales font  «usage excessif de force » envers les migrants.

Une accusation qui corrobore avec celle des Nations Unies et de Human Rights Watch, publiée quelques semaines plus tôt mais qui a été ignorée par le gouvernement hongrois. Un comportement qui mérite d’être sanctionné précise le rapport. D’ailleurs, « les dirigeants européens doivent être organisés, pas Orbanisés » a rétorqué John Dalhuisen, directeur d’Amnesty pour l’Europe.

De plus, « leur incapacité à s’opposer fermement aux violations des règles européennes par la Hongrie renforcera les xénophobes et les populistes » a-t-il prévenu. Il est à noter que la politique anti-migrants d’Orban a aggravé les divisions au sein de l’UE. D’une part, il y a ceux qui se sentent redevables envers le premier ministre d’avoir fermé la route des Balkans et de l’autre, ceux qui lui reprochent de violer les règles européennes.