Un brin d’espoir dans la lutte contre Zika

Pour la toute première fois, des scientifiques tchèques ont identifié une substance efficace dans la lutte contre le virus Zika. Toutefois, le développement de médicaments va prendre du temps. Pendant ce temps, le virus continue de se propager, déjà une soixantaine de pays touchés.   

 

Des molécules efficaces contre Zika

Des molécules semblent pouvoir bloquer la propagation du virus Zika. C’est la dernière trouvaille d’une équipe de chercheurs du Centre biologique de l’Académie des Sciences de République tchèque de České Budějovice et de l’Institut de recherche vétérinaire de Brno. « Notre recherche concernait une quarantaine de substances, dont cinq se sont montrées efficaces. Ces molécules atteignent le cycle de réplication du virus. C’est-à-dire qu’elles ne détruisent pas le virus totalement mais qu’elles bloquent sa prolifération, ce qui est absolument essentiel », explique le chef du laboratoire d’arbovirologie du Centre biologique de l’Académie des Sciences de République tchèque de České Budějovice, Daniel Růžek.

Toutefois, il faut attendre dix ou quinze ans et investir énormément pour développer un médicament à partir de ces molécules, d’après l’arbovirologue : « pour l’instant, nous savons quel type de substances fonctionne et de quelle manière, ce qui est très important pour la recherche future. Nous allons donc proposer nos résultats aux entreprises pharmaceutiques. Le reste dépend de l’intérêt ou non que celles-ci trouveront à ces résultats et le cas échéant, du lancement d’essais cliniques. »

 

Une équipe scientifique de haut niveau

Les recherches des scientifiques tchèques étaient centrées sur les maladies transmises par les tiques avant d’être réorientées vers le virus Zika. « Notre laboratoire s’oriente depuis longtemps vers la recherche sur le virus de l’encéphalite à tique. On a cherché entre autres des potentiels antiviraux. Cette recherche concrète s’est étalée sur environ deux ans. Après avoir identifié des substances efficaces contre cette maladie, est apparue l’épidémie du virus Zika. Vu la proximité du virus Zika avec celui de l’encéphalite, nous avons donc supposé que les substances efficaces contre ce dernier pourraient marcher également contre le premier. Cette hypothèse s’est ensuite confirmée », raconte Daniel Růžek.

Le niveau de recherche en arbovirologie est élevé à Prague, la capitale de la République tchèque. Le chef du laboratoire n’a pas manqué de saluer le travail du professeur Antonin Holy qui a également développé des médicaments antirétroviraux pour le traitement du VIH sida. Cette équipe de jeunes scientifiques continuera ses recherches en coopérant avec l’Institut de chimie organique et de biochimie de l’Académie des Sciences de République tchèque à Prague, ou avec des chercheurs japonais pour étudier l’évolution du virus et sa capacité de résistance à ces molécules.

Cette découverte constitue un vrai progrès dans la lutte contre le virus Zika. Certaines de ces substances sont déjà en phase tests cliniques en République tchèque mais la route est encore longue pour mettre au point un médicament ou un vaccin. La lutte contre le virus nécessite encore 122 millions de dollars, d’après l’Organisation mondiale de la santé.