Syrie : un an après l’intervention russe, quel bilan?

Cela fait maintenant un an que Moscou soutient massivement les attaques menées par le régime de Bachar Al-Assad en Syrie. Entre une crise humanitaire sans précédente et une crise diplomatique de plus en plus grave, il faut croire que le bilan est loin d’être positif.   

 

Une crise humanitaire sans précédente

Une guerre sanglante ravage la Syrie depuis ces cinq dernières années. A la base ? Un mouvement de contestation pour dénoncer l’autorité du régime en place mené par Bachar Al-Assad. Malheureusement, ce dernier a choisi d’y répondre par la force et a lancé une répression brutale à travers le pays. Rapidement, le soulèvement s’est alors transformé en une guerre sanglante. Profitant de cette instabilité, d’autres acteurs qui n’ont rien à voir avec la protestation sont apparus et la guerre n’a fait que s’empirer.

Depuis, plus de 400.000 personnes ont perdu leur vie (selon les estimations de l’Observatoire syrien des droits de l’homme) et plus de quatre millions d’autres ont fui la Syrie. En outre, plus de 520.000 personnes sont toujours bloquées et privées d’aide humanitaire dans 14 zones assiégées. Parmi ces zones, la partie Est d’Alep sombre davantage dans le chaos. Depuis 2012, la zone abritant 250.000 personnes est assiégée par les forces progouvernementales et est inaccessible à l’aide humanitaire.

La participation de Moscou à la guerre n’a ensuite qu’aggraver la situation. En effet, le régime s’appuie de l’aviation russe pour mener une série de bombardements sur la ville. Des bombardements qui se sont intensifiés depuis mi-septembre dernier puisque Damas et Moscou ont décidé la « une guerre totale » à Alep. Ainsi, la violence utilisée lors des dernières attaques est d’une violence jamais encore utilisée dans cette guerre. Selon l’OSDH, au moins 140 personnes ont perdu leur vie au cours de ces deux dernières semaines. Et ce bilan risque de s’alourdir car le régime de Bachar et ses alliés veulent coûte que coûte reprendre le contrôle sur la ville.

 

Une crise diplomatique russo-américain

Et c’est d’ailleurs cette intensification des bombardements qui crée actuellement une crise diplomatique entre la Russie et la communauté internationale, particulièrement les Etats-Unis. Il est à noter que Moscou et Washington sont les principaux acteurs du dossier syrien. Le premier est le principal allié de Bachar Al-Assad et le second apporte son soutien aux rebelles modérés. A plusieurs reprises, les deux grandes puissances ont pu trouver un accord qui a permis l’entrée en vigueur de quelques jours de trêve en Syrie. Mais, la reprise des raids aériens de Moscou depuis la fin de la dernière trêve rompt cette coopération. Pour Obama, Moscou commet des « crimes de guerre » en soutenant Bachar dans ses attaques. Une accusation ignorée par le principal intéressé puisque, le jeudi 29 septembre dernier, Kremlin Dmitri Peskov, porte-parole russe, a martelé que « l’aviation russe va continuer son opération en soutien à la lutte antiterroriste des forces armées syriennes ».

Face à cet entêtement, les Etats-Unis menacent de « suspendre les discussions » avec la Russie. « Je crois que nous sommes au bord de la suspension de la discussion parce que c’est irrationnel dans le contexte de ce genre de bombardements » a averti John Kerry, ce 30 septembre, à Washington. Néanmoins, « Nous sommes à l’un de ces moments où il va nous falloir considérer durant un certain temps des alternatives, à moins que les belligérants n’indiquent plus clairement qu’ils sont disposés à réfléchir à une approche plus efficace » a précisé le secrétaire d’Etat américain.

Réplique immédiate, Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, a assuré que Moscou veut coopérer avec les américains pour « mettre en œuvre les accords de cessez-le-feu et accroître l’efficacité de la lutte contre le terrorisme en Syrie » seulement s’ils respectent leurs « obligations ».